"Football Leaks" : Ronaldo, Pogba, Pastore... Qui sont les footballeurs soupçonnés d'évasion fiscale ?
Des stars du ballon rond sont accusées d'avoir bénéficié d'un système de dissimulation fiscale et de blanchiment dans une enquête menée par douze médias européens. Parmi ces footballeurs, Cristiano Ronaldo et Paul Pogba.
Les révélations s'enchaînent. Et les "Football Leaks" ébranlent chaque jour un peu plus la planète foot. Douze médias européens, dont Mediapart en France, ont mené l'enquête sur la face cachée du "foot business", grâce à la fuite de 18,6 millions de documents, sur le modèle des "Panama Papers". Le consortium de journalistes, baptisé European Investigative Collaborations (EIC), a mis au jour un système de dissimulation fiscale à grande échelle. Voici la liste des noms déjà cités dans cette affaire, samedi 10 décembre.
Cristiano Ronaldo
L'attaquant vedette du Real Madrid, Cristiano Ronaldo, est accusé par le consortium EIC d'avoir "dissimulé 150 millions d'euros dans les paradis fiscaux, grâce à des montages offshore passant par la Suisse et les Iles Vierges britanniques".
Les documents exploités par le consortium révèlent que CR7 "a encaissé, en toute discrétion, un total de 149,5 millions d'euros de revenus de sponsoring dans des paradis fiscaux ces sept dernières années". Sur ces droits d'image, l'international portugais "n'a payé que 5,6 millions d'euros d'impôts. Soit à peine 4%, et sans être poursuivi pénalement", selon les informations diffusées par l'EIC
Pepe
Un autre des internationaux portugais du Real Madrid, Pepe, aurait, lui aussi, eu recours à des sociétés offshore pour soustraire au fisc les revenus liés à ses droits d'image, selon Expresso, membre du consortium. Entre 2009 et 2014, le défenseur aurait dissimulé 3,77 millions d'euros via "la société Weltex créée en juillet 2007 aux Iles Vierges britanniques".
Une enquête a été ouverte contre le joueur par le fisc espagnol en 2015, selon le journal portugais. Expresso indique qu'il ignore si le joueur a réglé ses dettes. En effet, ni les autorités espagnoles ni Gestifute, la société de Jorge Mendes, n'ont répondu aux questions posées par le consortium de journaux européens.
Fabio Coentrao
Encore un international portugais du Real Madrid mis en cause. Fabio Coentrao a "utilisé la société offshore Rodinn au Panama pour recevoir ses droits d'image", avant que le fisc espagnol n'ouvre une enquête en février 2015, écrit Expresso. En décembre 2015, le joueur a régularisé sa situation en déclarant, mais au fisc portugais, ses revenus de droits d'image estimés à 3,5 millions d'euros pour 2011, année où il était encore résident fiscal au Portugal. Il s'est alors acquitté d'un impôt de 853 000 euros.
Luka Modric
Encore un joueur du Real Madrid éclaboussé. L'international croate a, lui aussi, bénéficié d'un montage financier afin de ne pas payer d'impôts en Espagne sur ses revenus issus de ses contrats publicitaires, selon El Mundo.
Arrivé au Real en 2012, le Croate a, dans la foulée, cédé ses droits d'image à une société basée au Luxembourg, gérée par sa femme Vanja, et baptisée du nom de son fils Ivano. Il a ainsi pu s'acquitter d'un impôt sur les sociétés à 1%, contre 51% en Espagne.
Dans sa déclaration de patrimoine, il a admis être actionnaire de l'entreprise luxembourgeoise et d'autres biens domiciliés au Grand-Duché, pour un capital total de 14 millions d'euros. L'existence de ce patrimoine a pu alerter le fisc espagnol qui, selon le journal espagnol, a ouvert une enquête en janvier 2016.
Ricardo Carvalho
Ancien défenseur central de l'AS Monaco et du Real Madrid, actuellement sans club, Ricardo Carvalho est mis en cause pour avoir dissimulé au fisc espagnol près de 2 millions d'euros, selon l'hebdomadaire portugais Expresso. Il aurait transféré ses revenus liés à ses droits d'image à une société offshore domiciliée aux Iles Vierges britanniques, écrit Expresso.
Angel Di Maria
Une partie des revenus d'Angel Di Maria, l'une des stars argentines du Paris Saint-Germain, transite par des paradis fiscaux, selon Mediapart. Les revenus liés à ses droits d'image sont versés à des sociétés écrans aux Pays-Bas, qui les reversent ensuite à des sociétés basées dans des paradis fiscaux. Angel Di Maria est soupçonné d'avoir ainsi dissimulé au moins 150 000 euros par le biais d'une société basée au Panama.
En 2014, lorsque le joueur est sollicité par la société TSA, qui vend des boissons énergisantes en Asie, pour un contrat de sponsoring portant sur 150 000 euros, il exige que l'argent soit versé sur le compte de sa société Sunpex, enregistrée au Panama, sans que son nom n'apparaisse. Doyen Sports, fonds d'investissement qui s'occupe de la carrière des joueurs et a joué les intermédiaires dans cette affaire, écrit dans un e-mail à TSA, cité par Mediapart : "Di Maria ne veut pas que son nom apparaisse pour des raisons fiscales."
Lorsque Di Maria est transféré du Real Madrid à Manchester United en 2014, le club anglais verse 2 millions d'euros à une société, Kunse, enregistrée à Amsterdam, qui en a reversé 1,85 million à une entité, Paros Limited, immatriculée aux Iles Vierges britanniques, un paradis fiscal des Antilles.
Un processus similaire est observé un an plus tard lors du transfert du joueur au PSG. "Sauf que cette fois, c'est Gestifute [l'entreprise du super agent Jorge Mendes], qui reversera 50% de la commission payée par le PSG à Kunse", avance Mediapart.
Javier Pastore
L'autre star argentine du PSG, Javier Pastore, est, elle aussi, accusée d'évasion fiscale par Mediapart. En 2010, un an avant d'arriver au PSG, l'international argentin a donné mandat à la société néerlandaise Orel pour commercialiser ses droits à l'image. Orel a reversé 94% de l'argent collecté par le sponsoring à Klizery SA, une société enregistrée en Uruguay, pays sud-américain à la fiscalité avantageuse. Entre 2013 et 2015, un total de 1,915 million d'euros net a ainsi transité par Orel puis Klizery en provenance de Nike, équipementier américain avec lequel "El Flaco" avait signé un contrat de cinq ans pour la période 2010-2015.
Paul Pogba
Une partie des revenus du joueur le plus cher du monde, l'international français Paul Pogba, sont déposés dans le paradis fiscal des îles anglo-normandes, à l'instigation de son agent Mino Raiola, selon Mediapart.
Le célèbre agent italo-néerlandais transfère depuis l'été les revenus issus des droits d'image de l'international français à une "coquille offshore" nommée Aftermath et immatriculée à Jersey, l'une des îles anglo-normandes à la fiscalité avantageuse. Cette société est détenue par un prête-nom, le cabinet local Whitmill Nominees, une pratique courante, précise le site d'investigation. Le montage financier s'est fait peu avant la signature par le Francilien d'origine d'un juteux contrat de sponsoring.
Jose Mourinho
Cette fois, ce n'est pas un joueur, mais un entraîneur qui est incriminé. Le coach portugais de Manchester United, Jose Mourinho, est accusé par le consortium d'avoir "dissimulé 12 millions d'euros au fisc, logés sur un compte suisse détenu par une société écran immatriculée aux Iles Vierges Britanniques". Etrange coïncidence, soulignée par Mediapart, Jose Mourinho est représenté par l'agent star du ballon rond Jorge Mendes. Comme Ronaldo, Pepe, Fabio Coentrao ou Ricardo Carvalho.
Le FC Nantes
Si le nom du Real Madrid revient indirectement à travers plusieurs de ses joueurs, un autre club, français cette fois, est directement cité : le FC Nantes. Les Canaris sont détenus par une société dont le siège social est une boîte aux lettres basée dans une commune de la périphérie de Bruxelles, selon les informations de L'Echo.
Le quotidien belge indique qu'une grande part des actions du FC Nantes –plus de 99%– est détenue par une société basée en Belgique, Flava Groupe, appartenant à l'actuel président du club nantais, Wladimir Kita, et à son fils, Franck. Cette société "boîte aux lettres" est domiciliée à Saint-Gilles, dans l'agglomération de Bruxelles, à la même adresse que "des dizaines d'autres sociétés qui n'ont rien à voir avec le football", écrit L'Echo.
Selon le journal, Flava Groupe a été créée en 2007, au moment même du rachat par l'homme d'affaires polonais du FC Nantes. Selon le quotidien belge, cette manœuvre n'a qu'un but bien précis : éviter les impôts sur les plus-values réalisées lors de la vente des actions. En avril, le président Kita avait déjà été épinglé dans l'affaire des "Panama Papers".
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