Quatre graphiques pour comprendre pourquoi Paris veut freiner l'essor d'Airbnb
La ville de Paris intensifie sa lutte contre les locations touristiques non-déclarées. Dans son viseur : les locations sur Airbnb, qui occupent une grande place dans la capitale.
La ville de Paris part-elle en guerre contre Airbnb ? C'est ce que laisse penser l'initiative de la capitale qui a lancé, le 10 mai, une base de données en open data pour recenser les meublés touristiques déclarés dans la capitale. D'autant que des déclarations hasardeuses du directeur de cabinet de la mairie, et leur interprétation dans un article d'Europe 1, ont nourri les soupçons d'un appel à la délation, depuis démenti.
Pourtant, la mairie de Paris est décidée à traquer les propriétaires qui louent leur logement sur Airbnb sans le déclarer comme "meublé touristique". Une infraction passible de 25 000 euros d'amende. Objectifs : éviter que les locations Airbnb fassent grimper les loyers traditionnels, rattraper un manque à gagner sur le plan fiscal, et répondre à la pression du secteur hôtelier. Car sur ces trois points, Airbnb représente bel et bien une menace pour la capitale française. La preuve en quatre graphes.
Paris, première ville au monde sur Airbnb
Avec 41 474 offres recensées en février 2016, Paris apparaît comme la ville qui en compte le plus au monde, avec une nette avance sur Londres (33 715 offres en octobre 2015) et New York (32 575 offres en mai 2016). Certains arrondissements comptent même à eux seuls plus d'offres que certaines capitales européennes, comme Bruxelles, Oslo ou Dublin, qui en cumulent entre 3 000 et 3 500. Cette première place n'est toutefois pas étonnante, Paris demeurant la ville la plus visitée au monde, malgré un fort recul d'affluence depuis les attentats de 2015.
La grande majorité des offres sont des logements entiers
Airbnb propose trois types de logements : les chambres privées, les chambres partagées avec d'autres utilisateurs et les appartements ou maisons loués en entier. C'est cette dernière catégorie qui est la plus représentée à Paris, puisqu'elle concentre 85% des offres disponibles dans la capitale. Or, ce sont justement ces logements qui sont susceptibles d'être concernés par le statut de meublé touristique.
Peu de meublés touristiques sont déclarés dans les arrondissements où se concentrent les offres Airbnb
Paradoxalement, c'est dans les arrondissements où il y a le moins d'offres Airbnb que se concentrent les rares meublés touristiques déjà recensés sur le site open data de la ville de Paris. Ce qui laisse penser qu'il reste de nombreux logements en situation irrégulière, notamment dans le 18e, le 11e ou le 15e, qui comptent plus de 3 000 offres de location sur le site.
Une forte concurrence pour l'industrie hôtelière
Les critiques les plus virulents du site Airbnb restent les représentants du secteur hôtelier, qui dénoncent une "location au noir structurée". Car le secteur en question pèse lourd : selon le dernier recensement des hôtels d'Ile-de-France, on compte 80 190 chambres d'hôtel à Paris en 2016, contre 41 474 offres disponibles dans la capitale sur Airbnb en février 2016.
Et si certains évoquent "une location au noir structurée", c'est parce que parmi les offres disponibles dans la capitale, une part non-négligeable (15%) provient de propriétaires qui proposent plusieurs logements sur le site et gagnent un revenu conséquent, pas toujours déclaré au fisc.
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