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Airbnb : non, la mairie de Paris n'appelle pas les Parisiens à dénoncer leurs voisins

Avec des dizaines de milliers d'annonces, Paris est la ville la plus visitée par les utilisateurs de la plateforme américaine.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une vue de Paris, le 20 mars 2016. (ARNAUD BERTRANDE / PHOTONONSTOP)

C'est un article d'Europe 1 qui a mis le feu aux poudres, mardi 10 mai. Selon la radio, la mairie de Paris a "lancé un site pour dénoncer son voisin" pratiquant des locations illégales sur le site Airbnb. Mais qu'en est-il réellement ?

Acte 1 : Europe 1 évoque un appel à la délation

Mardi, Europe 1 diffuse un sujet dans sa matinale puis un article sur son site internet, intitulé "Airbnb : la mairie de Paris lance un site pour dénoncer son voisin". La radio laisse entendre que la capitale française, suivant l'exemple de Berlin, fournit sur internet un formulaire permettant aux habitants de signaler anonymement des appartements jugés "suspects" : autrement dit, de signaler des appartements qui sont essentiellement loués à des utilisateurs d'Airbnb.

Les propos ambigus du directeur de cabinet à la mairie de Paris alimentent la polémique. "D'une certaine manière, cela peut exercer une pression, notamment via le syndic, où les voisins vont demander des comptes en demandant pourquoi cette personne qui n'a pas procédé à l'opération de mise en conformité continue à louer son logement", explique Mathias Vicherat en commentant l'ouverture de ce site d'open data sur les meublés touristiques. 

"On souhaite que cela provoque une espèce de choc de conscience de civisme, et que les gens se mettent en règle d'eux-mêmes, sans attendre d'être éventuellement signalés par un de leurs voisins", ajoute-t-il.

Acte 2 : des politiques et des journalistes s'indignent

Cet appel supposé à la délation enflamme aussitôt des politiques et journalistes sur les réseaux sociaux.  A la tête de l'opposition (LR) à la mairie, Nathalie Kosckiusko-Morizet ironise :

Dans Challenges, l'éditorialiste Bruno Roger-Petit analyse : "La délation n’est plus ce mal français, injustement mise au ban de la société depuis le régime de Vichy. Grâce à Anne Hidalgo et aux éléments de langage déployés par son directeur de cabinet, elle est maintenant mise au service du 'choc de conscience de civisme'. Dénoncer c’est civique. Dénoncer, c’est citoyen." Avant de conclure, un brin grandiloquent : "On commence par demander à l’un de dénoncer l’autre, qui ferait dans le Airbnb au noir. Et demain, que lui demandera-t-on?

Acte 3 : la mairie de Paris fait une mise au point, Europe 1 corrige son article

Face à ces réactions, la ville de Paris rappelle dans l'après-midi qu'elle a simplement annoncé par communiqué, dans la matinée, "la publication sur le site opendata.paris.fr d'un recensement des locations touristiques qui se sont mises en conformité avec la réglementation parisienne", souligne Le ParisienSur ce site, les propriétaires parisiens peuvent s'inscrire au registre des autorisations de changement d'usage pour les meublés.

Et la mairie de Paris insiste : "Non, nous ne lançons pas de site pour dénoncer son voisin, ni même une adresse mail. Cette démarche – qu'il faut appeler par son nom : de la délation – ne correspond ni à l'identité de Paris, ni à notre souci d'efficacité en matière de contrôle des meublés touristiques". Elle précise que ses équipes spécialisées (25 inspecteurs) suffisent à un "travail de terrain efficace".

De son côté, Europe 1 a modifié son article, et l'a retitré : "La mairie de Paris lance un site pour dénoncer son voisin" est devenu "La mairie de Paris met en open data ses données sur les meublés touristiques"

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