: Témoignage "J'ai eu une seule proposition en deux ans" : bien que prioritaires, ces familles démunies face à la crise du logement social
C'est un témoignage qui ne relève plus l'extraordinaire : cette mère célibataire victime de violences conjugales, et donc reconnue comme public prioritaire, raconte qu'elle n'a jamais obtenu de logement social à Lyon, malgré une demande déposée il y a deux ans et demi.
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"A la suite d'une séparation, je me suis retrouvée dans un logement trop cher et trop petit, avec deux enfants", explique-t-elle en gardant l'anonymat. "J'ai fait une demande sur le portail des demandes de logements sociaux. Ensuite, par rapport à mon employeur, j'ai fait une demande auprès d'Action Logement."
"J'ai eu une seule proposition au bout de deux ans mais, en commission, une personne devant moi a eu le logement, et je n'ai pas eu de proposition depuis. Même quand on fait les bonnes démarches, ça ne change rien au fait que c'est très compliqué d'avoir un logement."
Une mère de famille anonymeà franceinfo
C'est dans un contexte de détérioration du logement social, avec toujours plus de demandes, que se tient le 83e congrès de l'Union sociale pour l'habitat à Nantes. Fin 2022 en France, 2,42 millions de ménages étaient en attente d'un logement social - dont 1,63 million pour une première attribution, alors que le nombre de logements sociaux autorisés diminue chaque année. Une grave pénurie, aggravée par la crise de commercialisation des logements neufs.
De moins en moins de nouveaux logements sont autorisés chaque année : en 2023, le nombre d'autorisations - "agréments" dans le jargon HLM - dans l'Hexagone devrait être "en-deçà" des 95.000 de 2022, qui était déjà "une très mauvaise année", s'est inquiétée la présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH), Emmanuelle Cosse. Selon une étude commandée par l'USH, il faudrait créer 198 000 nouveaux logements sociaux par an, pour répondre aux grandes tendances démographiques et résorber le mal-logement.
Au niveau local, la Métropole de Lyon vient de lancer un plan d'urgence de 10 millions d'euros supplémentaires pour soutenir la sortie des opérations en faveur du social. "Il faut qu'une collectivité territoriale comme la Métropole de Lyon puisse subventionner les bailleurs sociaux pour qu'ils se mettent en position d'acquérir la part de logements libres qu'ils n'arrivent pas à se commercialiser", explique Renaud Payre, le vice-président chargé de l'habitat. "Ça nous semble essentiel à un moment où il y a une telle attente. Aujourd'hui, on est à neuf demandes pour une seule qui aboutit en logement social."
La Métropole de Lyon, qui attend, tout comme les bailleurs sociaux, une politique volontariste de l'Etat.
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