: Reportage "Pour tous les métiers, il faut savoir écrire le français" : les habitants des bidonvilles de Marseille font face à de nombreux freins malgré un plan d'insertion
Dans le XVème arrondissement de Marseille, deux bidonvilles bordent l'autoroute A7 de chaque côté. Impossible d'entrer dans le premier, et le second, long d'une trentaine de mètres, se trouve dans un petit vallon. Des plaques de bois fixées entre elles servent de murs et la tôle fait office de plafond. Un point d'eau a été tiré juste à côté, mais ce qui frappe dès l'entrée du bidonville, c'est une odeur, très forte, de plastique brûlé.
Une famille de dix personnes vit à cet endroit, dont un homme. Arrivé en France il y a huit ans, il a du mal à apprendre le français, un véritable frein pour trouver un emploi. "J'ai demandé à Pôle Emploi, mais pour tous les métiers, il faut savoir écrire le français", s'agace-t-il. Pour faire manger sa famille, il récupère des chaussures et des vêtements, "dans les poubelles", qu'il va vendre ensuite sur les marchés aux puces pour "quelques euros". De l'autre côté de la route, une riveraine, qui vit ici depuis 15 ans, et qui a toujours connu cette situation. "Ça me fait de la peine. Ils sont gentils, jamais ils ne nous ont fait du mal", confie-t-elle.
Faire face aux préjugés persistants sur les Roms
Cette situation n'est pas isolée : près d'un millier de personnes au total vit dans 30 bidonvilles répartis dans la capitale phocéenne. Ce sont en grande majorité des Roms d'Europe de l'Est, issus de Roumanie et de Bulgarie. Depuis un an, l'Etat tente de sortir ces populations de leurs habitats insalubres, avec un programme d'insertion professionnelle lancé le 1er janvier 2023. Mais il reste encore beaucoup à faire pour mettre fin à ces habitats insalubres.
Car en plus de la langue française, l'autre barrière reste les clichés, qui ont la peau dure. Colin a réussi à trouver une formation dans le bâtiment, via le programme d'insertion du gouvernement, mais il est souvent confronté aux clichés sur les Roms. "Quand je travaille, les personnes me pointent du doigt, ils disent 'ah c'est un roumain', et ça arrive partout, les gens pensent qu'on est tous pareils alors que c'est faux", soupire-t-il.
Et avant de trouver un emploi ou une formation, d'autres problèmes se posent pour les habitants des bidonvilles, rappelle Thibaut Guilluy, directeur général de France Travail, présent à Marseille pour présenter les solutions d'accompagnement.
"Ils sont confrontés à des questions de formation, d'apprendre ou de faire une remise à niveau en français. Et surtout, ils doivent aussi trouver une solution concrète pour accéder à un logement."
Thibaut Guilluy, directeur général de France Travailà franceinfo
Mais le premier défi reste encore d'aller chercher les personnes qui vivent dans ces bidonvilles. Sur les 900 personnes concernées à Marseille, près d'une sur dix seulement a bénéficié d'une formation depuis un an.
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