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"Cela fait sept ans que j'attends..." : Marseille épinglée sur le manque de nouveaux logements sociaux

La préfecture des Bouches-du-Rhône a lancé une procédure de constat de carence contre la municipalité qui n’a atteint que 38 % des objectifs de constructions de logements HLM sur la période 2020-2022.
Article rédigé par franceinfo, Hugo Charpentier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La façade de la mairie centrale de Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, le 11 avril 2023. (DAVID ROSSI / MAXPPP)

"Cela fait sept ans que j'attends, à peu près..." : à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, Sonia, 32 ans, est dans l'attente d'un logement social et elle ne se souvient même plus de quand date précisément sa première demande. "Les délais sont très, très longs, soupire-t-elle. C'est un peu chacun a sa chance et je n'ai jamais eu de logement social."

"C'est toujours la même musique et... on attend"

Même situation pour Djamel, célibataire, qui travaille dans la restauration et renouvelle sa demande de logement tous les ans."J'ai reçu le papier qui me dit qu'on a bien reçu mon dossier et blablabla..., explique-t-il. C'est toujours la même musique et... on attend." En attendant donc, Djamel paie 300 euros chaque mois pour une chambre de neuf mètres carrés et des toilettes collectifs.

"Un logement social, ce serait le top, mais malheureusement, il n'y a pas moyen..."

Djamel

à franceinfo

Au total, à Marseille, 45 000 personnes sont en attente d'un logement aujourd'hui, contre 39 000 en 2019. Entre temps, la municipalité n'a atteint que 38 % de ses objectifs, qui étaient la construction d'environ 7 600 logements locatifs sociaux.

Différentes responsabilités

La préfecture a donc lancé une procédure de constat de carence contre la municipalité pour n’avoir pas rempli ses engagements entre 2020 et 2022. "Ce n'est pas du tout anodin, pointe Francis Vernède, directeur de la Fondation Abbé-Pierre en région Paca. Pour une ville comme Marseille, ça peut se transformer en amende, c'est à dire des indemnités à verser aux services de l'État notamment. Ou, une possibilité plus extrême, que les permis de construire ne soient plus gérés directement par la ville de Marseille, mais par les services de la préfecture."

Mais d'après ce spécialiste des questions de logement, les responsabilités sont en fait partagées, entre une municipalité confrontée à une situation qui ne date pas d'aujourd'hui et un État qui se désengage depuis plusieurs années.

"La ville doit délivrer davantage de permis de construire pour qu'il y ait plus de production. Ça, c'est une certitude. En même temps, aujourd'hui, l'aide au logement baisse drastiquement depuis 2010. Et cela aussi, c'est problématique..."

Francis Vernède

à franceinfo

"La baisse représente 15 milliards d'euros par an à l'échelle nationale : c'est énorme !, déplore Francis Vernède. On ne peut pas en même temps moins financer le logement social et venir pointer le fait qu'il n'y en a pas assez qui sortent de terre !" Il n'empêche, l'annonce d'une procédure fait tâche au sein de la majorité municipale, une coalition de gauche qui fait du logement sa priorité. Sollicitée, la mairie de Marseille n'a pas souhaité réagir pour l'instant.

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