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Précarité énergétique : "Plus de 320 euros par mois", c'est ce que paie Marie, locataire à Paris, pour se protéger du froid

Selon une étude, publiée jeudi, un million de foyers français locataires sont touchés par la précarité énergétique. C'est le cas de Marie et de sa petite fille à Paris.

Article rédigé par Anne-Laure Barral - Edité par Alexandra du Boucheron
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une personne se chauffe avec un chauffage d'appoint. Image d'illustration. (MAXPPP)

La vague de froid qui s'est abattue sur l'Hexagone met en difficulté de nombreux habitants, victimes de la précarité énergétique. Alors que le gouvernement doit conclure, jeudi 15 février; la consultation sur son plan pour la rénovation thermique des bâtiments, une dizaine d'associations comme la Fondation Abbé Pierre et Réseau action climat regrettent que rien ne soit envisagé pour aider ces victimes de la précarité énergétiques, soit 12 millions de personnes.

Parmi elles, il y a un million de familles locataires de leur logement, selon l'enquête menée par l'association pour la qualité du logement, Qualitel, que franceinfo s'est procurée jeudi. La situation de ces familles est d'autant plus compliquée dans les grandes métropoles, comme Paris, Lyon et Lille, où les loyers sont chers et les places, rares. franceinfo a rencontré Marie, une locataire du 17e arrondissement de Paris qui se bat contre le froid.

Marie, victime de la précarité énergétique à Paris : un reportage d'Anne-Laure Barral

Chez Marie, il fait 10°C. La jeune maman a dû calfeutrer les portes et les fenêtres avec des couvertures et du ruban adhésif pour bloquer les courants d'air "parce que rien ne ferme bien, même la fenêtre ne ferme pas bien", dit-elle. Quant à la porte d'entrée, on peut passer un doigt en-dessous. 

Locataire depuis un an et demi, elle montre l'une des pièces de son 43m2 en rez-de-chaussée : "À la base, on avait fait la chambre de mon bébé, j'ai dû enlever le berceau", raconte-t-elle. La situation est devenue très problématique pour sa fille qui est, du coup, "tout le temps encombrée", selon Marie. "Vous voyez tout l'air ? Pourtant, j'ai mis un système de chauffage à bain d'huile", indique cette mère de famille qui ne peut pas donner le bain à son enfant dans une atmosphère si froide.

La facture a triplé cet hiver

Avec le chauffage poussé à fond, il fait 18°C. Mais, les hauts plafonds et les petits convecteurs électriques, font grimper son budget "électricité". Il a même triplé cet hiver pour atteindre "un peu plus de 320 euros par mois, donc ce n'est pas normal parce qu'il y a un adulte et un bébé", indique Marie qui paie un loyer total, avec l'électricité, de près de 1 520 euros mensuels. "Je ne suis pas la seule, peut-être que ma situation n'est pas si précaire que ça, relativise Marie, mais au quotidien ça pèse."

C'est le minimum d'être dans un logement où on a chaud.

Marie, locataire à Paris

à franceinfo

Cette problématique énergétique n'était pas une priorité pour la jeune maman lorsqu'elle cherchait un appartement, parce qu'à l'époque, elle avait dû trouver un appartement en urgence. "J'ai joué plus le côté proximité des transports et commodités, raconte-t-elle, et j'ai omis certains paramètres. Je peux vous dire que ça sert de leçon pour tout ce qui est isolation phonique et thermique. Ça va vraiment être une priorité maintenant."

Des travaux à la charge du propriétaire

Malgré les courriers répétés et la réalisation d'un devis pour changer les fenêtres de l'appartement, le propriétaire reste sourd aux demandes de Marie. Celle-ci s'est donc tournée vers un juriste de l'Agence d'information sur le logement (Adil) qui voit passer de nombreuses personnes comme Marie. "Nous avons plus de questions sur ce thème-là en ce moment", confirme Hélène Le Gall, la directrice de l'agence.

"Ce n'est pas au locataire d'engager ce type de travaux-là, donc nous allons l'informer sur la procédure judiciaire qui peut être envisagée et qui sera une procédure plus ou moins rapide selon le montant des travaux", explique la directrice de l'Adil. 

Quelque chose à ne pas faire, c'est arrêter de payer son loyer parce que le propriétaire ne fait pas les travaux.

Hélène Le Gall, directrice de l'Adil

à franceinfo

"Ça se retourne en général contre le locataire, poursuit Hélène Le Gall. Il ne peut pas 'se faire justice' lui-même." 

Mais, la longueur des procédures décourage souvent les locataires qui préfèrent partir du logement. Marie a d'ailleurs découvert qu'aucun des locataires, avant elle,  n'était resté plus de deux ans dans l'appartement qu'elle loue. 

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