Djibi, 15 ans, est un "serial déménageur"
D’origine sénégalaise, Djibi a vécu avec sa mère dans des centres d’hébergement à Paris. Il est l’un des personnages principaux du film-documentaire de Stan et Edouard Zambeau, "Un jour ça ira", sorti en salle le 14 février.
"Habiter dans les centres d'hébergements, c’est vraiment difficile et je ne souhaite ça à personne." Djibi, 15 ans, est d’origine sénégalaise. Né en Italie, il est très vite arrivé en France avec sa mère. En situation de grande précarité, ils ont déménagé cinq fois et ont vécu en centre d'hébergement pendant deux ans à Paris. Une situation que le garçon préférait garder secrète : "Aucun de mes amis du collège savait que j’habitais dans les centres d'hébergement." Son histoire a inspiré Stan et Edouard Zambeaux. Leur documentaire "Un jour ça ira" est sorti en salle le 14 février dernier.
Son histoire a été publiée dans Libération
Grâce aux associations, Djibi et sa mère ont pu faire du chant et de l’écriture, et "ça [les] a libérés." Pendant des ateliers d’écritures, Djibi a utilisé sa plume pour raconter ses déménagements à répétition dans un texte qu’il a intitulé "Serial déménageur". "Je passe ma vie à déplacer ma vie dans des valises. (…) Parfois, j’aimerais enfermer tous mes soucis dans ces valises. Et les jeter dans la Seine. A chaque déménagement, on espère un nouveau départ, une meilleure vie. Mais on revient toujours à la case départ. (…) C’est ça, être un serial déménageur." écrit-il.
Son histoire a été publiée par le journal Libération. "Au début, j’étais un peu choqué", a-t-il réagit. Mais sa mère "était très contente" poursuit-il. Dans ce texte, il raconte aussi comment sa vie dans les centres d’hébergement l’a "beaucoup enrichi" : "J’ai beaucoup appris sur l’humain, sur des pays et sur des langues que je connaissais pas."
Aujourd’hui, Djibi a pu retrouver un appartement avec ses parents.
Les personnes qui dorment dans la rue, "c’est inadmissible"
Désormais, le garçon souhaite sensibiliser sur la pauvreté et le mal-logement : "Vivre dehors n’est pas facile. Ce n’est pas par choix qu'on le fait." Lui estime qu’il a eu "un peu de chance de vivre dans les centres d'hébergement car il y a encore des personnes qui dorment dans la rue et je pense que c’est inadmissible." Aujourd’hui, quand il voit un sans-abri, il se dit que "ça pourrait être [lui]."
Actuellement en France, un enfant sur cinq vit dans la pauvreté, selon l'INSEE. Pour Djibi, c’est "inhumain". Il interpelle alors "tous les ministres, les présidents, les gens qui sont riches" pour "qu’ils aident les pauvres et les gens qui sont démunis, qui peuvent plus rien faire et qui ont des enfants de mon âge ou plus petits qui veulent réussir."
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