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A vélo, en télétravail ou en prenant un jour de congé... Vous nous racontez vos "plans B" pour faire face à la grève du 5 décembre

La circulation des transports en commun devrait être très fortement perturbée jeudi, en raison d'un vaste appel à la grève au sein de la RATP et de la SNCF pour protester contre la réforme des retraites. 

Article rédigé par Valentine Pasquesoone, Margaux Duguet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Des personnes circulent à vélo ou en voiture lors d'un mouvement de grève de la RATP, le 13 septembre 2019 à Paris.  (MARTIN BUREAU / AFP)

La mobilisation promet d'être particulièrement suivie. De la SNCF à l'Education nationale, plusieurs millions de salariés des services publics et du privé pourraient faire grève et fouler le pavé, jeudi 5 décembre, afin de dénoncer la réforme des retraites défendue par le gouvernement d'Edouard Philippe. 

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Dans les transports, les quatre syndicats représentatifs au sein de la SNCF – CGT-Cheminots, Unsa ferroviaire, SUD-Rail et CFDT-Cheminots – ont lancé un appel à un mouvement de grève illimité au sein de la compagnie ferroviaire. En Ile-de-France, la RATP promet quant à elle une mobilisation "aussi forte" que celle du 13 septembre, qui avait provoqué de très importantes perturbations dans les transports en commun. 

En région parisienne comme ailleurs en France, comment les usagers vont-ils organiser leurs déplacements et leur travail ? Franceinfo a lancé un appel à témoignages à ce sujet. Voici la réponse de huit d'entre eux. 

Un logement chez des proches pendant la grève

Comptable âgé de 29 ans, Florent habite à Meaux (Seine-et-Marne) et travaille à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), en banlieue parisienne. D'habitude, le jeune homme se rend à son travail en prenant le Transilien sur la ligne P, puis le RER E. Chaque matin, il passe entre une heure et une heure et quart dans les transports en commun. "A la gare de Meaux, ils m'ont déjà dit qu'ils n'attendaient aucun train. Je me suis organisé", relate-t-il. Florent a pensé à la voiture, mais son temps de trajet doublerait : il faut compter entre deux heures et deux heures et demie pour se rendre à Noisy-le-Sec. Le comptable a donc décidé de dormir chez ses grands-parents à Bondy (Seine-Saint-Denis), le temps de la grève. "Je mettrai dix minutes en voiture depuis chez eux", poursuit-il.

De longs trajets en voiture 

"Je vais faire un peu le tour de France." Alain, directeur commercial d'une société italienne spécialisée dans les produits d'entretien, devait se rendre dans le Sud-Ouest et dans le Nord cette semaine, afin d'y rencontrer des clients de son entreprise. Avec le préavis de grève, le directeur commercial a dû décaler plusieurs rendez-vous, mais il doit toutefois se rendre à Toulouse et à Lille. Basé à Lyon, il prévoit de rejoindre Toulouse en voiture, avant de faire quelque 900 kilomètres jeudi pour se rendre à Lille. Il rentrera ensuite à Lyon vendredi soir. "Je n'ai ni avion ni train. Cela va être une accumulation de kilomètres et de fatigue", regrette Alain. Le fait de reporter certains rendez-vous au mois de janvier devrait entraîner, selon lui, un manque à gagner de 50 000 euros pour sa société, soit 7 à 10% de son chiffre d'affaires. 

Plus d'une heure de marche pour aller en cours

Jade, 18 ans, est étudiante en première année de licence d'histoire et d'anglais à l'université Paris-Sorbonne. En transports, l'étudiante met de 20 à 25 minutes entre son domicile du 20e arrondissement de Paris et sa faculté. Les cours étant annulés jeudi, Jade devra donc se rendre à pied en cours vendredi. "Je suis obligée d'aller en TD car je suis boursière", assure la jeune femme. "Je ne peux pas payer la caution du vélo et les trottinettes sont trop chères... Il ne me reste plus que mes jambes", sourit-elle. Elle s'attend à marcher entre une heure vingt et une heure et demie. Certains de ses amis, habitant dans l'Essonne ou dans les Yvelines, n'auront pas ce choix. "Certains vont venir à vélo, mais d'autres ne vont pas venir du tout", relate Jade. "Payer des Uber, ce n'est pas possible quand on est étudiant." 

Un covoiturage organisé par l'entreprise

"C'est beaucoup d'organisation." Pierre, responsable d'une entreprise de propreté à Pantin (Seine-Saint-Denis), n'a pas chômé pour éviter tout arrêt d'activité de sa société à cause de cette grève. Ses clients lui ont régulièrement "mis la pression", lui demandant comment il comptait s'organiser. "Je vais prendre mon véhicule personnel pour faire des ramassages de salariés. Je vais y consacrer ma journée et les suivantes si nécessaire", explique cet habitant de Domont (Val-d'Oise). Ce chef d'entreprise de 58 ans se prépare à quitter son domicile à 5 heures du matin jeudi, pour ne rentrer qu'à 22 heures. "Nous avons une quarantaine de salariés, et une bonne quinzaine à déplacer dans la journée avec mon collaborateur", relate-t-il. Pierre espère une circulation fluide jeudi, mais craint les jours suivants. "J'ai vécu 1995, je sais comment ça se passe. Si ça dure, nous ne sommes pas au bout de nos peines." 

La grève et les enfants chez soi

Bibliothécaire à Rouen (Seine-Maritime), Stéphanie a, elle, décidé de faire grève jeudi. L'école de son fils de 8 ans étant fermée, elle restera chez elle avec son enfant. Sa fille aînée, qui a 12 ans, peut se rendre à pied à son collège, où certains cours sont maintenus, et sa petite fille de 2 ans sera chez sa nourrice. Les jours suivants, Stéphanie prévoit de reprendre le travail pour des questions financières. "Je mettrai au moins une heure et demie pour aller à la bibliothèque à pied, estime-t-elle, et je déposerai mon fils chez mon père" en cas de fermeture de l'école. 

Plusieurs journées en télétravail

S'il n'hésite pas à prendre sa trottinette l'été, Pierre, 34 ans, n'a d'autre choix que d'emprunter les transports en commun l'hiver pour se rendre au travail. Ce Parisien vit dans le 12e arrondissement de la capitale et travaille à Montrouge (Hauts-de-Seine), en proche banlieue sud de Paris. Jeudi et vendredi, ce monteur et motion designer, salarié d'une agence de communication institutionnelle, travaillera depuis chez lui. "Je ne fais jamais de télétravail, mais là nous avons été obligés de nous organiser, relate Pierre. Cela fait quelque temps que l'on organise les choses pour que tout le monde puisse travailler chez soi. Nous serons tous connectés à distance." 

Un vélo et la location d'une voiture

Avocate résidant à Pantin (Seine-Saint-Denis), Camille prendra son vélo pour aller jusqu'à son cabinet de Bobigny (Seine-Saint-Denis), à environ vingt minutes de son domicile. L'avocate doit néanmoins se rendre dans plusieurs commissariats de Seine-Saint-Denis vendredi, pour des permanences de gardes à vue où elle est commise d'office. En cas de poursuite de la grève ce jour-là, Camille prévoit d'utiliser une voiture louée pour l'occasion. Les bus qui l'amènent d'habitude à ces commissariats risquent en effet de ne pas circuler. "Si la grève dure, il faudra prendre l'habitude de prendre une voiture", explique la jeune femme de 28 ans. "On s'organisera comme ça." 

L'aide des parents pour la garde des enfants

Egalement avocate, Marie, Toulousaine de 35 ans, ira manifester jeudi contre la réforme des retraites soutenue par le gouvernement. Souhaitant faire grève, elle a toutefois dû s'organiser pour faire garder ses enfants, âgés de 3 et 5 ans. Leur école sera en effet fermée en raison du mouvement de grève dans l'Education nationale. "Je les fais garder par ma mère, qui vit à Toulouse. J'irai à vélo avec eux chez elle", relate-t-elle. "C'est important. Cela me semble normal de s'organiser en soutien à la grève et pour aller manifester", insiste l'avocate. Si la mobilisation se poursuit, Marie prévoit de garder ses enfants chez elle, le temps qu'il faudra. "Je suis en libéral, je m'organiserai."

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