Urgences en grève : une nuit de Noël "encore plus esseulés et encore moins entendus", estime le collectif Inter-Urgences
Benoît Cransac, représentant régional du collectif Inter-Urgences, était l'invité de franceinfo mercredi matin.
La nuit du réveillon de Noël à l'hôpital est "toujours une nuit particulière, surtout cette année où on est encore plus esseulés et encore moins entendus", a assuré sur franceinfo mercredi 25 décembre Benoît Cransac, infirmier à l’hôpital d’Annecy et représentant régional du collectif Inter-Urgences, à l'origine du mouvement de grève aux urgences en mars. Il estime que leurs revendications "ne sont toujours pas entendues."
franceinfo : Vous avez des patients qui sont hospitalisés sur des brancards aux urgences ?
Benoît Cransac : Je sais que partout en France, surtout dans les hôpitaux qui ont fermé énormément de lits, oui, il y a énormément de patients qui dorment sur les brancards et qui passent la nuit entière, une journée, deux journée, voire encore plus, sur des brancards, notamment des hôpitaux pilotes qui devaient tester les nouvelles réformes, mais qui montrent que c'était complètement inefficace.
On voit par exemple des hôpitaux pilotes à Paris, qui se retrouvent le matin avec 34 patients en plus dans la matinée. Ça veut dire 34 patients qui prennent de l'attention des soignants. Et du coup, les gens qui arrivent aux urgences ont un retard de prise en charge et chaque retard de prise en charge est délétère.
Aujourd'hui, malgré le plan annoncé par la ministre de la Santé, rien n'est réglé ?
Il y a quelques petites choses qui sont réglées, mais en tout cas, les choses principales ne sont pas réglées. La politique de santé pendant plusieurs dizaines d'années a été de favoriser la chirurgie et délaisser la médecine. On se retrouve dans des situations où nous hospitalisons ont de plus en plus des patients de plus de 75 ans polypathologiques qui nécessitent des lits de médecine. Et ces lits-là, on ne les a pas. Donc, tant que la ministre ne mettra pas des moyens pour avoir des lits en médecine, ce ne sera jamais réglé. Il faut qu'on ait des lits. Il faut qu'on ait des services de médecine qui ouvrent rapidement avec du personnel pour pouvoir décharger les urgences. Et là, les plans qui sont mis en place visent plutôt à essayer de faire en sorte que certains patients n'arrivent pas aux urgences. Mais les patients hospitalisés nécessitent d'être hospitalisés, dans tous les cas, ils arriveront aux urgences un jour ou à l'hôpital.
Est-ce que la grève contre la réforme des retraites a affecté votre travail, le travail des soignants des hôpitaux ?
Ça a plutôt affecté notre mouvement de grève et notre visibilité auprès du public parce qu'on est dans un mouvement qui ne fait pas trop de vagues et du coup, on nous oublie vraiment. On parle de moins en moins de nous alors que ça fait quand même sur six, sept mois qu'on est en grève. Et dans la région, il y a des villes comme Valence qui sont en grève depuis un an.
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