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G20 agricole : la France préfère un échec qu'un compromis

La présidence française du G20 accueille pour la première fois les ministres de l'Agriculture des 20 pays les plus puissants de la planète. Arrivés à Paris mercredi matin, ils ont jusqu'à jeudi pour trouver un accord sur la lutte contre l'instabilité des prix agricoles. La France assure qu'elle préfère un échec des négociations à un accord tissé de demi-mesures. Mais les ONG dénoncent des ambitions en deçà du problème de la faim dans le monde.
Article rédigé par franceinfo
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“Ce sera fumée blanche ou fumée noire. Il n'y aura pas de demi-mesures”. Le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a donné le ton sur lequel la France entend jouer pour ce premier G20 agricole. Les ministres de l'Agriculture des 20 pays les plus puissants du monde se sont donnés rendez-vous à Paris hier. Ils doivent aboutir à un accord aujourd'hui.

La situation est urgente, souligne Paris, 900 million de personnes souffrent de la faim dans le monde, et en 2050, il y en aura deux milliards de plus à nourrir. Or, les prix des denrées agricoles s'envolent. Ils ont grimpé de 30% en moyenne.

Sur le banc des accusés, les spéculateurs et “financiarisation” des marchés agricoles. Nicolas Sarkozy s'est livré à une véritable philippique la semaine dernière à Bruxelles, dénonçant des marchés qui échangent “46 fois la production mondiale de blé” ou “24 fois celle du maïs”. Et il a comparé les spéculateurs à une mafia, et demande que des règles s'appliquent : “Un marché qui n'est pas régulé n'est pas un marché mais une loterie où la fortune sourit aux plus cyniques, au lieu de récompenser le travail, l'investissement et la production de valeur”, a-t-il plaidé hier soir.

La présidence française a donc avancé un plan en cinq points : réinvestir dans l'agriculture mondiale pour “produire plus et mieux”, accroître la transparence des marchés, améliorer la coordination internationale pour prévenir et gérer les crises et réguler les marchés de dérivés de matières premières agricoles.

Mais le menu n'est pas au goût de tout le monde. La Grande-Bretagne est réticente à étendre les mesures de régulation des marchés obtenus au G20 aux marchés agricoles. Le Brésil et l'Argentine quant à eux, ne s'enthousiasment pas pour le contrôle des prix agricoles. L'Inde et la Chine répugnent à la transparence et préfèrent garder pour elles l'état de leurs stocks. Les USA ne veulent pas entendre parler de création de stocks d'urgence. Bruno Le Maire lui-même reconnaît qu'un accord “sera difficile à arracher” .

Et à constater les difficultés à se mettre d'accord sur le programme, on peut prendre la mesure de la déception des ONG. Pour commencer, la France a exclu la question des biocarburants de l'ordre du jour. “Le sujet n'est pas mûr”, estime Paris. Or les biocarburants sont accusés de faire tout autant grimper certains prix agricoles que les spéculateurs.

Ensuite, les ONG déplorent des “mesurettes” . Au lieu par exemple de stocks d'urgence alimentaires, et encore, sur des projets pilotes, elles auraient préféré de véritables stocks de régulation, à réinjecter en cas de surchauffe des cours.

Grégoire Lecalot, avec agences

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