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Quatre questions sur Ecopla, le fabricant de barquettes qui mobilise les politiques

Depuis plusieurs mois, les anciens salariés de cette PME basée près de Grenoble se battent pour obtenir le droit de reprendre leur entreprise.

Article rédigé par franceinfo
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Des ex-salariés d'Ecopla arrivent au palais de justice de Grenoble (Isère), le 5 octobre 2016. (MAXPPP)

Les anciens salariés d'Ecopla se sont rassemblés devant la cour d'appel de Grenoble (Isère), mercredi 5 octobre. Ils entendent plaider une nouvelle fois leur cause devant la justice, qui a rejeté en juin leur offre de reprise de leur entreprise de production de barquettes en aluminium, sous forme de coopérative. En attendant la décision de la cour d'appel, mise en délibéré au 20 octobre, franceinfo revient sur ce dilemme industriel, qui mobilise les politiques.

Qu'est-il arrivé à la société Ecopla ?

Installée depuis 1960 à Saint-Vincent-de-Mercuze (Isère), Ecopla, ancienne filiale de Pechiney, est le seul fabricant français et le premier producteur européen de barquettes en aluminium. Ecopla a longtemps fourni l'industrie agroalimentaire française, qu'il s'agisse "des petits plats surgelés Marie, des pâtisseries Brossard ou des viennoiseries Pasquier", précise Le Monde.

Depuis 1996 et la sortie de Pechiney de son capital, Ecopla a vu défiler les actionnaires. "Mais les déboires d'Ecopla France ont véritablement commencé" avec le dernier en date, raconte encore Le Monde : Bawtry Investment Ltd, détenu par Jerry Ren, devenu propriétaire de la PME en 2012. Après son arrivée, le chiffre d'affaires et la production ont fondu.

Fin septembre, en visite à Saint-Vincent-de-Mercuze, Emmanuel Macron a dénoncé l'"attitude inacceptable", le "cynisme et la cupidité" de l'ancien dirigeant d'Ecopla, qui "a construit méthodiquement la situation de liquidation judiciaire". L'ancien ministre a évoqué une éventuelle "responsabilité pénale" pour "ce qui semble relever de fautes de gestion".

Confrontée à de gros problèmes de trésorerie, la société Ecopla France a été placée en redressement judiciaire le 1er mars 2016, puis liquidée après seulement trois semaines de période d'observation. Les 77 salariés de l'entreprise ont été licenciés dans la foulée et les machines arrêtées.

Que proposent les anciens salariés ?

Depuis 2014, voyant le vent tourner, une vingtaine de salariés de l’entreprise travaillent à un projet de reprise, sous forme de Scop, une Société coopérative et participative. Ils parviennent à réunir 2,3 millions d'euros, "en provenance d’un fonds de revitalisation, du Crédit Coopératif, de Transmea, un autre fonds créé par l'Union Régionale des Scop Rhône-Alpes (URSCOP) en partenariat avec le conseil régional, pour financer le stock d’aluminium nécessaire au redémarrage de l’activité, l’investissement industriel et la trésorerie", détaille L'Usine nouvelle.

Leur projet de coopérative prévoit 20 embauches immédiates et une cinquantaine d'ici cinq ou six ans. "Le chiffre d’affaires pourrait progresser de 2,5 millions d'euros la première année à 13 millions sur le troisième exercice, avec un potentiel de 22 millions", ajoute le journal spécialisé.

Pourquoi la justice n'a-t-elle pas choisi leur projet ?

En juin, le tribunal de commerce de Grenoble a rejeté l'offre de reprise des salariés, au profit du groupe italien Cuki Cofresco qui propose 1,5 million d'euros pour reprendre et rapatrier en Italie les machines du producteur de barquettes en aluminium et solder la fermeture du site isérois.

De leur côté, sur les 2,3 millions d'euros réunis, les salariés ont proposé seulement 100 000 euros pour remboursement des créances. "D’où la décision du tribunal de commerce plus attentif à la défense des créanciers qu’à celle de l’emploi", écrit L'Usine nouvelle.

Qu'en disent les politiques ?

Quelques jours avant l'audience devant la cour d'appel de Grenoble, les anciens ministres ont défilé chez Ecopla, pour soutenir les salariés et le projet de Scop rejeté en premier instance par la justice. Benoît Hamon, Cécile Duflot, Emmanuel Macron…Un début de "victoire" pour les salariés, rencontrés par Libération.

Emmanuel Macron, encore ministre de l'Economie au moment de la liquidation, a reconnu sa "responsabilité" dans l'échec du projet de reprise. "Nous n'avons pas vu l'accélération de la situation au mois de mars et nous n'avons pas pu agir" à temps, a-t-il déclaré. 

Son successeur, Michel Sapin, a apporté son soutien aux "Ecopla", mardi, dans une lettre envoyée au procureur de la République, selon France 3 Alpes"La réussite de ce projet aurait des conséquences positives en termes économiques et d’emplois, permettrait de maintenir un outil et des compétences en Isère et contribuerait à sécuriser la filière aluminium sur notre territoire national", écrit-il.

Les "Ecopla" espèrent que cette multiplication des soutiens les aidera à obtenir l'autorisation de reprendre leur entreprise. Réponse le 20 octobre.

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