Qu'est-ce que le "cartel du yaourt" ?
Onze fabricants de produits laitiers frais ont été condamnés par l'Autorité de la concurrence, jeudi 12 mars, pour une entente sur les prix et les appels d'offres.
L'Autorité de la concurrence n'y est pas allée avec le dos de la cuillère. Onze fabricants de produits laitiers frais ont écopé d'amendes d'un montant total de 192,7 millions d'euros, jeudi 12 mars. Ils sont épinglés pour une entente sur les prix et les appels d'offres sur les marques distributeurs. Francetv info revient sur ce "cartel très organisé", selon l'Autorité de la concurrence.
Qui compose ce cartel ?
Parmi les onze sociétés condamnées, on trouve de grands groupes comme Senagral (Senoble), Novandis (Andros) ou encore Lactalis, mais aussi des PME comme Triballat, Yéo Frais, Laïta et Alsace Lait. Yoplait a, lui, été exempté d'amende pour avoir le premier dénoncé le cartel dans le cadre de la procédure de clémence.
Seule la Laiterie de Saint-Malo a contesté les faits qui lui étaient reprochés, a indiqué l'Autorité de la concurrence. La société a tout de même écopé d'une amende de 300 000 euros.
Que leur reproche-t-on ?
Le cartel a été actif de 2006 à 2012. Il portait principalement sur un accord visant à définir en commun les prix lors des appels d'offres des enseignes de distribution pour la production de leurs propres marques, dites "distributeurs". Cela permettait aux sociétés en question de se partager le marché.
Des représentants des groupes se rencontraient dans des hôtels, "retenus à tour de rôle par les participants, les lieux changeant à chaque fois pour des raisons de discrétion", explique Le Monde. Entre ces réunions, des appels téléphoniques étaient échangés. "Les contacts téléphoniques se faisaient, eux, avec des téléphones portables secrets, les noms des utilisateurs n’apparaissant pas sur les factures", détaille le quotidien.
En 2011, "les concurrents se sont accordés sur une hausse tarifaire de 6% pour les yaourts, 8% pour les fromages frais, 10% sur la crème fraîche et 4% sur les desserts", révèle Le Figaro (article payant). Pour faire passer cette décision auprès des distributeurs, les marques se sont mises d'accord sur les arguments à avancer, précise Le Figaro, comme "la hausse du prix du lait (3,5%), des emballages (20%) et des coûts de transport et d'énergie".
Est-ce inédit ?
Cette pratique n'est pas nouvelle. En décembre 2011, l'Autorité de la concurrence française a sanctionné les fabricants de lessive Procter & Gamble, Henkel et Colgate-Palmolive pour s'être entendus sur les prix de leurs produits pendant des années.
Dernier exemple en date : le "cartel des camions". La Commission européenne pourrait infliger aux grands constructeurs européens de camions (MAN, Scania, Iveco, Volvo…) une amende de plus de 4 milliards d'euros pour entente illicite, relaie La Tribune.
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