Grève historique chez Ryanair : près de 400 vols annulés, 55 000 passagers concernés
La compagnie à bas coûts fait face vendredi à un nouveau conflit social d'ampleur européenne, avec une première grève de pilotes coordonnée dans cinq pays pour obtenir de meilleures conditions de travail.
Ryanair fait face, vendredi 10 août, à la plus grande grève de son histoire. Les pilotes basés dans cinq pays européens (Allemagne, Belgique, Suède, Irlande et Pays-Bas) ont décidé de cesser le travail, contraignant la compagnie aérienne irlandaise à bas coûts à annuler environ 400 vols au plus fort de la saison estivale. Ces vols annulés concernent plus de 55 000 passagers, dont 42 000 pour l'Allemagne.
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— Ryanair (@Ryanair) 9 août 2018
Ryanair a précisé jeudi soir que 85% de leurs vols seront assurés. "Plus de 2 000 vols opéreront normalement, transportant près de 400 000 passagers à travers l'Europe", a indiqué la compagnie irlandaise sur Twitter. "La majorité des clients affectés ont déjà été assignés à un autre vol Ryanair", a-t-elle ajouté.
La compagnie, qui revendique 130 millions de clients annuels et dénonce une grève "inutile", a vu ces derniers mois le malaise social s'étendre à ses principales catégories de personnel en Europe. Fin juillet, l'entreprise irlandaise avait affronté une grève du personnel de cabine en Espagne, Italie, Portugal et Belgique. Quelque 600 vols furent annulés, touchant 100 000 passagers.
Des contrats de travail irlandais imposés
Les tensions à Ryanair ont éclaté au grand jour à la suite d'un problème de planning de pilotes en septembre 2017, qui a entraîné un grave conflit et des annulations portant sur 20 000 vols. Cette crise a forcé Ryanair à reconnaître des syndicats dans plusieurs pays, ce que la compagnie avait toujours refusé. Mais souvent, le dialogue échoue, comme en Irlande où la compagnie a annoncé la semaine dernière le transfert à venir d'avions de Dublin vers la Pologne. 300 emplois sont en jeu.
D'une manière générale, les syndicats reprochent à la compagnie sa politique salariale agressive, le recours à des contrats précaires et au dumping social. Ainsi, Ryanair impose quand il le peut, selon les syndicalistes, des contrats de travail irlandais plus flexibles aux personnels navigants, même s'ils vivent ailleurs en Europe. Pour se justifier, la compagnie relève que la majeure partie du travail se fait à bord d'avions immatriculés en Irlande.
Refus de toute augmentation de sa masse salariale
Ryanair, qui a connu une croissance considérable avec un bénéfice en 2018 prévu à plus de 1,25 milliard d'euros, se vante d'ailleurs d'avoir des "coûts bien moins élevés par passager que ses concurrents". Pour le syndicat de pilote allemand Vereinigung Cockpit (VC), il s'agit du fond du problème. Selon lui, Ryanair refuse toute augmentation de sa masse salariale, condamnant ainsi les pourparlers. "Ryanair a exclu toute hausse de ces dépenses. Parallèlement, Ryanair n'a donné aucune indication sur les marges de manœuvre pour trouver une solution. Ryanair est donc totalement responsable de l'escalade", a expliqué mercredi le chef de VC, Martin Locher.
Entre autres revendications, les syndicats demandent des hausses de salaire, l'intégration des intérimaires ou encore des contrats de travail du pays de résidence des pilotes. En Allemagne, le transporteur aérien a envoyé combattre en première ligne son directeur marketing, Kenny Jacobs, qui a qualifié cette grève d'"inutile", affirmant que les pilotes étaient mieux lotis que chez ses concurrents Easyjet et Norwegian. "Les salaires peuvent atteindre 190 000 euros par an et sont en moyenne de 150 000 euros par an. Ils ont reçu 20% d'augmentation de salaire cette année", a-t-il affirmé.
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