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Vidéo Frédéric Pierucci à propos d'Alstom : "Macron a dit qu'il ne pouvait pas intervenir, maintenant il va devoir faire le pompier"

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Durée de la vidéo : 7 min
Invité de Stéphane Dépinoy dans ":l'éco", Frédéric Pierucci, ex cadre d'Alstom et auteur du livre "Le piège américain" est venu parler du rachat d'Alstom par l'américain Général Electric.
Frédéric Pierucci Invité de Stéphane Dépinoy dans ":l'éco", Frédéric Pierucci, ex cadre d'Alstom et auteur du livre "Le piège américain" est venu parler du rachat d'Alstom par l'américain Général Electric. (franceinfo)
Article rédigé par franceinfo - François Clerel de Tocqueville
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Invité de Stéphane Dépinoy dans ":l'éco", Frédéric Pierucci, ex cadre d'Alstom et auteur du livre "Le piège américain" est venu parler du rachat d'Alstom par l'américain Général Electric. 

Vous avez écrit ce livre "Le piège américain" parce que vous avez été la victime collatérale d'un bras de fer entre la justice américaine et l'Etat français. Vous avez passé deux ans en prison aux États-Unis, pouvez vous nous racontez ce qu'il s'est passé ? 

"J'ai passé deux ans dans une prison de haute sécurité, en fait j'ai été utilisé par le département de la justice pour mettre la pression sur le PDG du groupe Alstom pour qu'il coopère avec le département de la justice, pour qu'il paye une amende de 772 millions de dollars et ensuite qu'il vende la partie la plus stratégique d'Alstom à Général Electric, le concurrent américain" explique Frédéric Pierucci. 

Selon vous, les déboires de Général Electric sont-ils étonnants ? 

"Non, ce qu'il faut bien comprendre c'est qu'à Belfort les suppressions d'emplois sont sur la partie turbine à gaz, ce n'est pas la partie qui a été rachetée par Général Electric en 2014. Donc quand il y a eu ce rachat, Général Electric était très fort sur les turbines à gaz alors qu'Alstom était très fort sur le nucléaire, le charbon et l'hydraulique. Ce qu'il se passe actuellement à Belfort aurait été bien pire pour Général Electric s'il n'avait pas racheté Alstom en 2014 donc je suis étonné d'entendre qu'ils ont fait une mauvaise affaire. Ce qu'il se passe à Belfort ça vient historiquement de Général Electric

"Si le gouvernement américain n'était pas intervenu en 2008 pour injecter des fonds dans Général Electric ils auraient été en banqueroute donc à l'époque cela aurait du être Alstom ou un concurrent qui rachète Général Electric. En France on a eu une réaction complètement inverse parce qu'en 2014 Général Electric a proposé de racheter Alstom, l'Etat n'a pas voulu s'emmêler ce qui est absolument incroyable alors que Alstom est une entreprise stratégique et qui été bâtie sur la commande publique" ajoute-t-il. 

La question AFP : La France est-elle trop naïve dans les négociations avec les reprenneurs étrangers de groupes français ? 

"On est surtout toujours dans le réactif. Vous voyez ce qu'il se passe à Ascoval et Ford, sur Général Electric on pouvait l'anticiper, ils avaient déjà restructuré ses usines de turbines à gaz l'année dernière parce que le marché s'est effondré. Le décret Montebourg a sanctuarisé le site de Belfort jusqu'au 31 décembre de cette année, on savait très bien que la prochaine vague allait venir à Belfort. On manque beaucoup d'anticipation sur ces sujets là. On a besoin d'être beaucoup plus pro-actif sur ces sujets industriels

Celui qui a validé ce rachat d'Alstom par Général Electric c'est Emmanuel Macron. Il était à l'époque ministre de l'économie et maintenant président de la République et il a du mal à revenir en arrière sur un dossier qui n'a peut être pas été bien géré..c'est ça votre idée ? 

"Oui, à l'époque il a dit qu'il ne pouvait pas intervenir maintenant il va devoir faire le pompier. Je pense qu'il faut tourner cette page là, il y a des erreurs qui ont été faites en 2014, nous sommes en 2019, regardons ce que nous pouvons faire pour sauver les emplois à Belfort et surtout pour essayer de récupérer en France des industries stratégiques comme la partie nucléaire d'Alstom qui fournie toutes les centrales nucléaires françaises" répond Frédéric Pierucci. 

L'interview s'est conclue sur la chanson "Emmenez-moi" de Charles Aznavour. 

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