: Vidéo Sûreté nucléaire: l'inquiétude monte avec le projet de suppression de l'IRSN
En pleine relance de la filière nucléaire, l’annonce du gouvernement a fait l’effet d’une bombe: supprimer l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, l’IRSN. L’Une des structures qui jouait jusqu’à présent le rôle de garde-fou comme vous l'explique l'Oeil du 20 heures.
La France compte 18 centrales nucléaires. Les ingénieurs de l’IRSN en connaissent chaque recoin, chaque réacteur. Ils participent aux inspections et rédigent des avis lorsqu’un défaut est constaté.
Dans le système français, l’IRSN produit les expertises, mais c’est à l’ASN, l’autorité de sûreté nucléaire que revient la décision de suspendre une installation en cas de risque. Le gouvernement veut transférer les compétences de l’IRSN à l’ASN, en invoquant la nécessité de fluidifier les processus.
C’est précisément ce qui inquiète les salariés de l’IRSN en grève aujourd’hui. Selon eux, le système à deux têtes serait synonyme d’indépendance.
"Que l'on soit pour ou contre le nucléaire, y'a besoin d'une sûreté indépendante", défend Hervé Bodineau, adjoint au directeur de l’expertise de sûreté de IRSN qui défile ce lundi dans la manifestation.
L'anvcien directeur adjoint de l'IRSN lui-même, y voit, dit-il, un risque pour la sûreté nucléaire: "Souvent, quand on reprend les accidents, on retrouve toujours des causes liées, quelque part, au système de contrôle, et donc déstabiliser un système de contrôle, de manière incompréhensible, c'est pas bon", abonde Thierry Charles.
Un manque d'efficacité du système actuel selon EDF?
Du côté d’EDF, pas de commentaire. Mais un récent rapport de l’exploitant appelle à moins de contraintes dans le contrôles des installations:“Le jeu à trois (ASN, IRSN, EDF) peut conduire à des surenchères superflues. Il est de la responsabilitéde l’exploitant d’affirmer ses convictions.
Un avis pas toujours partagé en interne. Par téléphone, un cadre anonyme d’EDF redoute la disparition de l’IRSN:“ On est de plus en plus inquiétés par des considérations de production plutôt que de sûreté; (...) il y a cette notion que toute personne ou organisme qui pourrait porter atteinte à la production est un irritant. Et moi c’est ça qui me fait peur”, explique-t-il.
Cet après midi, la ministre de la transition énergétique s’est voulue rassurante sur le projet d’accélération du nucléaire et le rapprochement des deux structures. "Ce projet de loi ne touche pas une seule virgule, contrairement à ce que l'on peut entendre, de nos procédures de sûreté nucléaire", a dit à la tribune de l'Assemblée nationale Agnès Pannier-Runacher.
Son cabinet précise que la fusion pourrait être effective en juillet 2024 et assure que la nouvelle structure sera tout aussi indépendante.
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