Pourquoi votre facture d'électricité va augmenter de près de 10% en février alors que le tarif réglementé hors taxe diminue
Cet article a été publié initialement le 11 janvier 2024. Il a été réactualisé après l'annonce de la hausse du prix de l'électricité par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, dimanche 21 janvier.
Votre facture d'électricité du mois de février s'annonce salée. Le ministre de l'Economie a annoncé, dimanche 21 janvier, que le prix de l'électricité augmentera, au 1er février, entre 8,6% et 9,8% pour la plupart des Français. "Pour 97% des ménages français l'augmentation sera sous les 10%", a précisé Bruno Le Maire sur TF1. Une envolée des factures qui suscite déjà des critiques, alors que le tarif réglementé de l'électricité hors taxe diminue.
Comment expliquer cette évolution contre-intuitive du prix de l'électricité ? Commençons par regarder du côté de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), une autorité administrative indépendante chargée de veiller au bon fonctionnement du marché, notamment celui de l'électricité. Cette dernière a pour mission de calculer les évolutions des tarifs réglementés de vente d'électricité (TRVE) hors taxe, qui servent de référence aux tarifs pratiqués par les différents fournisseurs. Pour cela, "la CRE applique une formule mathématique, prenant en compte notamment le prix du nucléaire régulé, le prix du marché ou encore les coûts de service d'EDF", énumère Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting.
Résultat, au 1er février 2024, le niveau moyen des tarifs réglementés de vente d'électricité calculé par la CRE baisse de - 0,35% hors taxe. Dans le détail, le tarif pour les professionnels baisse de - 3,67% et celui des particuliers est stable à + 0,01%. Cette évolution "s'explique principalement par la baisse du coût d'approvisionnement au regard de la détente des prix sur le marché de gros", note la CRE dans un communiqué publié mercredi 10 janvier.
Ciel dégagé sur le marché de l'électricité
En effet, le marché de l'électricité s'est bien mieux porté en 2023 qu'en 2022, lorsqu'il avait été plombé par les déboires d'EDF, avec un nombre record de réacteurs nucléaires à l'arrêt pour maintenance et de nombreux barrages hydrauliques à sec. En 2023, la production de nucléaire a augmenté de près 15% par rapport à 2022 et de près de 20% pour l'hydraulique, selon les chiffres d'EDF. "Les prix ont baissé parce que l'on a produit davantage, mais surtout parce que l'on avait moins peur des coupures qu'en 2022", complète Nicolas Goldberg.
En bref, le ciel semblait dégagé pour voir les factures d'électricité enfin diminuer en 2024, après des augmentations de plus de 25% en 2023. Mais c'était sans compter l'intervention du gouvernement sur le niveau des taxes sur l'électricité. Car le prix fixé par la CRE n'est pas celui que va payer le consommateur. Il faut y ajouter la fiscalité. "Le prix de l'électricité baisse dans notre pays, ce qui nous permet de remettre progressivement des taxes", a prévenu Thomas Cazenave, ministre délégué chargé des Comptes publics, fin décembre, sur franceinfo.
Un effort pour les finances publiques
En 2022, dans le cadre du bouclier tarifaire pendant la crise énergétique, le gouvernement avait décidé de baisser au minimum la taxe intérieure de consommation finale sur l'électricité (TICFE), à 1 euro le mégawattheure, contre 32 auparavant, afin de limiter la hausse des factures. Deux ans plus tard, l'exécutif veut récupérer une partie de ce manque à gagner, estimé à 9 milliards d'euros, selon Les Echos. Cette taxe va donc être relevée de 1 à 21 euros par mégawattheure au 1er février 2024.
"C'est une décision difficile, mais c'est une décision qui est nécessaire pour garantir notre capacité d'investissement dans de nouvelles capacités de production électrique et puis pour sortir définitivement du quoi qu'il en coûte", a justifié Bruno Le Maire sur TF1, dimanche 21 janvier. Le ministre de l'Economie a promis qu'il s'agissait de la dernière hausse de cette taxe... en 2024. Une nouvelle hausse est prévue au 1er février 2025 pour revenir à une situation fiscale comparable à celle qui prévalait avant la mise en place du bouclier tarifaire.
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