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"On vient d'éteindre" : sans faire l'unanimité, l'extinction des vitrines la nuit semble plutôt acceptée par les commerçants parisiens

La capitale oblige bureaux et magasins à éteindre leurs lumières dès la fermeture, sous peine d'une amende. Malgré la crainte de perdre des clients, la plupart des magasins jouent le jeu. Reportage dans une rue commerçante de Paris.

Article rédigé par franceinfo - Benjamin Recouvreur
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Temps de lecture : 2 min
Les vitrines d'une rue commerçante à Paris, le 1er novembre 2022. (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

À 19h30, c'est l'heure de fermer pour Annie : "Alors là, ça y est, c'est tout noir, on vient d'éteindre", décrit la gérante d'un magasin de prêt-à-porter parisien, qui applique le nouveau décret de la mairie paru mardi 1er novembre. Paris demande aux bureaux et commerçants d'éteindre leurs lumières, sous peine d'une amende de 750 à 1 500 euros, et jusqu'à 3 000 euros en cas de récidive. Auparavant dans ce magasin de prêt-à-porter, la vitrine pouvait rester allumée jusqu'à 23 heures. "Automatiquement, dès que j'éteins l'interrupteur, tout s'éteint : enseigne, vitrine, magasin. Quand il y avait la minuterie, cela s'allumait aux alentours de 8 heures du matin, maintenant tout se rallume après l'ouverture", détaille Annie. 

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La mesure de la mairie vise à devancer les prochaines mesures du gouvernement pour économiser de l'énergie. "C'est une forme d'économie générale. Je pense que c'est à notre portée de pouvoir laisser les vitrines éteintes et l'enseigne de chaque boutique éteinte", défend la commerçante. 

Vitrine dans le noir, la peur de perdre des clients

Certaines boutiques n'ont visiblement pas encore compris la consigne, et restent allumées, mais la plupart jouent le jeu. "Il faut savoir être visible pendant les ouvertures", estime Philippe, responsable d'un magasin de produits cosmétiques, qui applique la règle depuis déjà un mois. "Je n'ai pas le sentiment que cela a un impact. C'est peut-être un peu tôt pour le dire. Pour des petits commerçants, des indépendants, cela peut être plus impactant." Et c'est ce que redoute Paul, marchant de jouets. Ces vitrines sont très travaillées à l'aide de spots lumineux, de guirlandes et de plateaux tournants. "Les vitrines sont à thèmes, dit-il. Ce ne sera jamais dans le noir."

"Quand les boutiques sont fermées, les clients continuent à passer sur les trottoirs, voir ce qu'il y a dans les boutiques. Et si les vitrines sont éteintes, on ne voit rien."

Paul, vendeur de jouets

à franceinfo 

"La boutique est allumée jusqu'à 22 heures, explique le commerçant. Mon énergie : je la paye jusqu'à preuve du contraire. Chaque boutique fera ce qu'elle voudra. Et moi, je ferai ce que je voudrai !" Cette volonté de garder une visibilité jusqu'en fin de journée est un argument que comprend une partie de la clientèle. "Je me suis arrêtée pour regarder la couleur. Dans le noir, je n'aurais pas pu la voir", observe une passante. Un peu plus loin, une autre est plus mesurée : "Je préconise de les éteindre [les vitrines]. C'est vrai qu'à partir de 22 heures, cela serait une bonne idée de trouver un entre-deux pour les commerçants et en même temps pour la planète."

La prochaine étape du plan de sobriété à Paris sera le 1er décembre. Toutes les publicités lumineuses, dans la rue et les transports en commun, devront être éteintes la nuit, entre 23 h 45 et 6 heures du matin. Une mesure qui s'appliquera d'ailleurs à tout le pays (entre 1 heure et 6 heures du matin) à partir du 1er juin 2023, selon un décret pris par le gouvernement au début du mois d'octobre.

Sans faire l'unanimité, l'extinction des vitrines la nuit semble plutôt acceptée par les commerçants parisiens - le reportage de Benjamin Recouvreur

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