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Engie, l'actionnaire principal de Suez, accepte de vendre ses parts à Veolia, malgré le désaccord de l'Etat

Suez est très remonté contre les plans de Veolia. L'Etat, lui, essaie de jouer les médiateurs entre les deux fleurons français de l'eau et des déchets

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Des syndicalistes de Suez manifestent contre l'OPA de Veolia le 29 septembre 2020 à La Défense (Hauts-de-Seine), devant l'entreprise française Engie, société mère de Suez. (ERIC PIERMONT / AFP)

Fin du premier acte dans la tentative de Veolia pour fusionner avec son rival Suez. Engie, le principal actionnaire, a décidé lundi 5 octobre de lui vendre ses parts. Pourtant, l'Etat, actionnaire à hauteur de 22% d'Engie, a voté lundi soir "contre la proposition de cession du bloc de Suez à Veolia", "en l'absence d'accord amiable entre les deux entreprises", a expliqué Bercy dans un communiqué. Dimanche soir, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, avait appelé "solennellement" Suez et Veolia "à reprendre leurs discussions dans les prochaines heures afin de parvenir à un accord amiable" préservant les intérêts de chacun. Suez continue, toutefois, de se battre contre cette opération qu'il juge "hostile".

3,4 milliards d'euros pour 29,9% de Suez

Le conseil d'administration d'Engie "a pris acte des engagements pris par Veolia et notamment de son engagement inconditionnel de ne pas déposer d'offre publique d'achat hostile à l'issue de l'acquisition de la participation d'Engie dans Suez", explique un communiqué du groupe d'énergie. "Dans ce contexte, le conseil a décidé d'accepter l'offre de Veolia." La voie semblait dégagée pour Veolia après que le fonds Ardian, présenté comme un recours, eut renoncé à déposer une contre-offre lundi au conseil d'administration d'Engie.

Le bras de fer entre les deux fleurons français de l'eau et des déchets agite la place de Paris depuis que Veolia a annoncé fin août son intention de créer un géant mondial en rachetant l'essentiel de la participation d'Engie dans Suez, avant de lancer une OPA sur le solde des actions. L'offre améliorée de Veolia, qui propose à Engie 3,4 milliards d'euros pour 29,9% de Suez, expirait lundi à minuit. Engie avait dit dès mercredi soir qu'il accueillait "favorablement" cette offre. Et Veolia a accepté dimanche l'une des conditions qui lui étaient posées, en s'engageant "inconditionnellement" à ne pas déposer par la suite d'offre publique d'achat hostile sur le reste du capital de Suez.

Pas de contre-offre d'Ardian

Engie avait par ailleurs prévenu dimanche, par la voix d'une porte-parole, qu'il n'examinerait "une offre alternative" à celle de Veolia "que s'il s'agit d'une offre ferme et à un prix au moins égal à celui de Veolia". Or Ardian n'avait jusqu'ici fourni qu'une "lettre d'offre indicative". "Ardian, fidèle aux principes de négociations non hostiles, a décidé de ne pas déposer d'offre", a expliqué lundi le fonds dans un communiqué. "Ardian a travaillé sur une offre, soutenue par les salariés de Suez et son conseil", mais qui aurait nécessité six semaines de "due diligence" (examen des comptes de Suez, ndlr).

Suez est très remonté contre les plans de Veolia, dont l'offre "est hostile, que ce soit celle relative à l'acquisition du bloc de 29,9% ou du projet dans son ensemble", avait redit lundi le conseil d'administration du groupe avant la décision d'Engie. Le conseil "regrette la précipitation du conseil d'Engie de vouloir décider sans analyse et sans discussion et dialogue préalables d'une offre alternative qui préserve l'intérêt social de Suez", ajoutait-il, confirmant "qu'il mettra en œuvre tous les moyens à sa disposition pour éviter une prise de contrôle rampante ou un contrôle de fait". La position de la direction de Suez est appuyée par les représentants syndicaux du groupe, mais aussi par des figures politiques comme des députés LREM qui ont invité Bruno Le Maire "à donner du temps au temps"

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