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Crise de l'énergie : quatre questions sur l'augmentation de 15% des prix de l'électricité

Plusieurs millions de foyers français sont concernés par cette hausse, qui est effective depuis mercredi.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 4 min
Un chauffage électrique à Montaigu (Vendée), le 6 décembre 2022. (MATHIEU THOMASSET / HANS LUCAS / AFP)

Des tarifs et des factures qui n'en finissent pas de grimper. Après le gaz, c'est au tour des prix de l'électricité d'augmenter, à hauteur de 15%, mercredi 1er février. Cette hausse touche plus de 20 millions de foyers et 1,45 million de petits professionnels. Un coup dur pour les plus modestes, qui fournissent déjà des efforts importants pour contenir l'envolée de leurs factures. Franceinfo répond à quatre questions sur cette hausse.

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1 Qui est concerné par cette augmentation ?

Au total, 77% des consommateurs résidentiels sont concernés, selon les chiffres du gouvernement (datant de 2019), puisque l'augmentation touche tous les souscripteurs d'un contrat d'électricité au tarif réglementé de vente (TRV), fixé par l'Etat, ainsi que ceux bénéficiant d'un contrat dont les prix sont indexés au TRV. Les TPE et PME, bénéficiaires de ces tarifs, sont aussi concernées.

L'augmentation sera visible sur les factures des contrats souscrits dans l'Hexagone et en outre-mer, à l'exception de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie, qui disposent de leurs propres tarifs. Ces deux territoires ne sont pas cités dans le communiqué du ministère des Outre-mer.

Par ailleurs, environ 100 000 logements du parc social, chauffés collectivement à l'électricité, sont aussi indirectement concernés, selon l'AFP, qui cite le Mouvement HLM. "Les nouveaux prix seront répercutés sur la facture chaque mois", précise EDF à l'AFP. Cependant, pour les clients qui ne veulent pas modifier leurs mensualités, une régularisation en fin d'année sera appliquée.

2 Cette hausse de 15% est-elle contenue ?

A compter de ce mois de février, les factures d'électricité vont augmenter de 15%. Une hausse conséquente, mais qui aurait dû être beaucoup plus importante. Elle est limitée grâce au bouclier tarifaire, mis en place à l'automne 2021 pour éviter que les factures n'atteignent des montants démesurés. Sans cette mesure, le tarif aurait dû croître de 99,22%, c'est-à-dire doubler, selon le barème de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), rendu public le 19 janvier.

Autrement dit, cette hausse de 15% représente un coût supplémentaire de "20 euros par mois", en moyenne, selon le site service-public.fr, "au lieu de 180 euros sans bouclier tarifaire". Pour une famille de quatre personnes vivant dans une maison de 100 mètres carrés chauffée à l'électricité, la hausse sera de 259 euros par an, soit 21,58 euros par mois, selon une estimation d'EDF reprise par France 2.

Le bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l'électricité doit être mis en œuvre jusqu'au 30 juin 2023, selon le site du service public. Lors de l'augmentation des prix du gaz en janvier, l'association de défense des consommateurs Consommation, logement et cadre de vie (CLCV) avait demandé "le report de la fin du tarif réglementé de deux ans pour passer la tempête", dans un courrier adressé au président de la République. "Ça va être une grande foire à la tromperie, il y aura de la casse à l'automne", avait estimé son délégué général, François Carlier, sur franceinfo.

3 A quoi cette augmentation des tarifs est-elle due ?

Cette poussée est un phénomène européen. Elle est liée en partie à la pandémie de Covid-19, à la guerre en Ukraine, aux fluctuations des prix sur les marchés de l'énergie, aux coûts de l'approvisionnement en énergie et à la "faible disponibilité anticipée du parc nucléaire français", selon la CRE. Tout d'abord, dès le début de l'année 2021, après un an de pandémie, le redémarrage de l'activité a tiré à la hausse l'ensemble des prix de l'énergie. Le déséquilibre entre l'offre et la demande s'est aggravé en 2022, avec la guerre en Ukraine, qui a généré des craintes sur l'approvisionnement en gaz. Or les prix de l'électricité dépendent de ceux du gaz.

Dans ce contexte, même si la France tire 70% de son électricité à bon marché de son parc de centrales nucléaires, elle n'a pas été épargnée par la hausse des prix du kilowattheure. Comme les autres pays, elle est tributaire des cours sur les marchés de l'énergie, dits "marchés de gros", où l'électricité est négociée avant d'être livrée aux clients finaux. Or, les prix à terme de l'électricité pour livraison en 2023 ont atteint un "niveau exceptionnellement élevé tout au long de l'année 2022", constate la CRE.

4 Les factures françaises augmentent-elles plus que celles des autres pays européens ?

"L'augmentation du 1er février demeure conséquente, mais les ménages français sont globalement mieux protégés que la plupart de nos voisins européens", tempère Sylvain Le Falher, cofondateur du comparateur Hello Watt, dans Le Parisien (article réservé aux abonnés). Car selon les données du comparateur, les prix du gaz et de l'électricité payés par les Français demeurent deux à trois fois moins chers que dans les autres grands pays européens.

De son côté, le ministère de la Transition énergétique, cité par l'AFP, vante le bilan de la France en Europe, "le pays le plus protecteur des ménages". Il faut dire que le bouclier tarifaire coûtera 46 milliards d'euros à l'Etat en 2023, a affirmé Bercy mardi.

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