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Reportage "On est gelés et on ne peut plus s'en sortir" : à Marseille, la nouvelle hausse du prix de l’électricité est un nouveau coup dur pour les familles modestes

Le tarif de l’électricité connaîtra une hausse de 15% à partir de ce mercredi. À Marseille, des familles modestes témoignent de leur désarroi, alors qu'elles ont déjà commencé à faire des efforts d'économies d'énergie.
Article rédigé par Hugo Charpentier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un compteur d'électricité, à Rennes, en Ille-et-Vilaine. (DAMIEN MEYER / AFP)

Depuis quelques semaines, les nuits lui paraissent interminables pour Haroun. Ce jeune retraité marseillais de 62 ans est obligé d'éteindre le chauffage électrique la nuit pour soulager sa facture d'électricité. "On le met au minimum, soupire-t-il. On se lève le matin, on est gelés, du bout des doigts et des orteils. Ça commence à être dur. Parfois, quand je n'en peux plus, je le mets à fond toute la nuit et quand je me lève le matin, je suis en forme. Mais sinon, sans chauffage, quand je me lève, je suis plié en deux, comme si j'avais pris des coups de bâtons dans les reins. C'est cela, le froid."

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L’inflation continue de faire mal au portefeuille en février. Après le tarif réglementé du gaz qui a été relevé de 15% au 1er janvier, c’est désormais au tour du tarif de l’électricité de connaître, lui aussi, une hausse de 15% à partir d'aujourd'hui. Une augmentation importante, mais qui reste limitée grâce au bouclier tarifaire du gouvernement, prolongé jusqu’au 30 juin prochain.

Une seule solution : faire encore davantage d'économies

Il n'empêche, c'est un nouveau coup dur pour les familles modestes qui ont déjà commencé à faire des efforts d'économies d'énergie. Aussi, pour ce célibataire qui perçoit 900 euros de pension, il n’a pas d’autres choix que de faire des économies.

"On se restreint un peu sur la vie normale pour mettre ça dans l'électricité. Mais entre ça et le gaz qui a augmenté d'une façon faramineuse, on ne peut plus s'en sortir. On n'arrive pas à mettre 50 euros par mois à gauche."

Haroun

à franceinfo

Même chose pour Touimante, une maman de six enfants qui vit dans les quartiers nord de Marseille : "J'évite d'allumer la télé, indique-t-elle. J'évite de laisser les lumières allumées et quand on veut faire tourner des machines, j'essaie de décaler pour économiser au maximum." Et la nouvelle augmentation des tarifs ne va rien arranger.

"Avec le temps, on n'arrivera pas à régler certaines factures et on va se retrouver avec des impayés. C'est ça, la réalité de maintenant."

Touimante

à franceinfo

Une inquiétude partagée par les associations. Francis Vernède est le directeur de la fondation abbé pierre en région Paca : "Le point est pour nous très simple : on voudrait des mesures ciblées, plaide-t-il. Il faut que les plus en difficulté de notre société puissent être accompagnés. Le gouvernement sait faire des mesures ciblées : ils l'ont déjà fait. Ils ont su supprimer cinq euros d'APL et supprimer l'ISF, qui sont des mesures ciblées... Nous ce qu'on demande, c'est un bouclier énergie pour les publics les plus précarisés. Un bouclier intégral qui couvre l'ensemble des dépenses sur les fluides."

Il s'agit d'un enjeu de santé publique, selon la Fondation Abbé Pierre, qui craint une augmentation des maladies liées à la précarité énergétique, comme les bronchites, l'arthrose ou encore la dépression.

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