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Appel à réduire nos consommations d’énergie : "On est en phase de déploiement d'un embargo vis-à-vis du pétrole russe", explique un spécialiste

"Ce qui se joue en ce moment [du point de vue de l'énergie], c'est une anticipation de la difficulté que nous pourrions rencontrer l'hiver prochain", affirme le directeur du centre de Géopolitique de l'énergie et des matières premières .

Article rédigé par franceinfo
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Patrice Geoffron, professeur d’économie à l'Université de Paris Dauphine, le 23 mars 2022 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"On est en phase de déploiement d'un embargo vis-à-vis du pétrole russe et on voit apparaître des tensions", explique le professeur d'économie à l'Université Paris Dauphine, et directeur du centre de Géopolitique de l'énergie et des matières premières Patrice Geoffron, dimanche 26 juin sur franceinfo. Il revient sur l’appel à réduire notre consommation d’énergie de la part des dirigeants des trois grands fournisseurs français, TotalEnergies, Engie et EDF en précisant que "ce qui se joue en ce moment, c'est une anticipation de la difficulté que nous pourrions rencontrer l'hiver prochain".

franceinfo : A priori, on est tenté de se dire que ce n'est pas dans l'intérêt des fournisseurs d'énergie d'appeler les Français à en consommer moins. C'est que le contexte est vraiment particulier ?

Patrice Geoffron : Oui, nous sommes dans une phase de guerre économique, qui est sans doute appelée à durer, et qui a comme épicentre l'énergie. Par ailleurs, des problématiques spécifiques qui sont liées à la disponibilité du parc nucléaire et à des problèmes sur l'hydroélectricité font que, quelle que soit l'énergie, on se tourne vers le gaz, l'électricité et le pétrole. On est en phase de déploiement d'un embargo vis-à-vis du pétrole russe et on voit apparaître des tensions. Ces tensions sont masquées par des boucliers tarifaires qui vont être maintenus dans l'année, mais qui, de fait, vont conduire à aller augmenter mécaniquement la dette publique de quelques dizaines de milliards d'euros.

Est-ce que l'objectif le plus immédiat pour ces trois fournisseurs d'énergie, c'est de ne pas se retrouver dans une situation où ils ne pourraient pas répondre à la demande des Français ?

Ce qui se joue en ce moment, c'est une anticipation de la difficulté que nous pourrions rencontrer l'hiver prochain en fonction de différents paramètres. Est-ce que le gaz russe aura été coupé ou non d'ici là ? Il y a de vraies raisons de le craindre aujourd'hui, bien plus qu'il y a quelques semaines. Et puis évidemment, cet horizon va dépendre des rudesses de l'hiver. Et en fonction de ces différents paramètres, on pourrait se trouver avec insuffisamment de gaz.

"La France n’est pas la plus mal placée, son portefeuille d'importation étant très diversifié. On dépend de fait assez peu du gaz russe, mais nos voisins en dépendent massivement. Et évidemment, nous allons devoir être solidaires."

Patrice Geoffron, professeur d'économie

à franceinfo

Parce qu'on ne peut pas imaginer que la France soit indemne si le gaz était coupé en Allemagne et que l'industrie allemande était à l'arrêt. Idem pour l'Italie.

Est-ce que ça peut vraiment créer une nette différence, de modifier un peu son comportement, quand on parle d'énergie et de carburant ?

Absolument, d'ailleurs, il faut bien avoir à l'esprit que nous sommes sur un continent qui s'est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55% en 2030. Et la France est partie prenante de cette ambition collective. Donc finalement, cette guerre ne fait qu'accélérer les nécessités de réduire nos consommations énergétiques de manière générale et nos consommations d'énergie fossile en particulier. On a vu ce que pouvait être la puissance des efforts de sobriété lors du premier choc pétrolier, et, plus proche de nous dans le temps, on a vu que la continuité de l'activité économique de Fukushima avait été assurée par des efforts drastiques et extrêmement efficaces de réduction de la demande, en particulier du côté de la population.

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