Salaires : "Le décalage entre les discours et les actes ruine notre démocratie", alerte le directeur de l’Observatoire des inégalités
La hausse "très faible" de 1,6% du salaire de base au 1er janvier 2022 pour les salariés du secteur de la propreté, "nourrit du mépris social pour ces professions" , se désole Louis Maurin, directeur de l'Observatoire des inégalités.
"À force de dire des choses et de ne pas les faire, on entraîne toutes ces tensions sociales", déplore ce jeudi sur franceinfo le cofondateur et directeur de l’Observatoire des inégalités, Louis Maurin. Les employés du secteur de la propreté, ceux de la "deuxième ligne" de la crise sanitaire, vont bénéficier d'une augmentation de 1,6% du salaire de base au 1er janvier 2022, le taux horaire passant alors de 10,56 euros à 10,73 euros. Louis Maurin estime que les entreprises qui ont fait des profits pendant la crise "peuvent les répartir autrement". "Le décalage entre les discours et les actes ruine notre démocratie."
franceinfo : Les promesses pour les "deuxièmes lignes" tardent à se traduire ?
Louis Maurin : Ces entreprises font des profits, elles peuvent les répartir autrement ! Derrière ces hausses qui restent très faibles (17 centimes de l'heure), on nourrit des tensions et du mépris social pour ces professions qui travaillent le plus dur. Je pense que ce sera un point très fort de la prochaine campagne présidentielle.
Quels risques entraînent cette parole politique ?
Ce décalage entre les discours et les actes ruine notre démocratie. À force de dire des choses et de ne pas les faire, on entraîne toutes ces tensions sociales, qu'on retrouve d'ailleurs à tous les niveaux et pas seulement sur la question des salaires. C'est ce qui nourrit cette insécurité et cette fragilité plus que des émotions assez vagues. Ça repose sur des choses très concrètes. Le sentiment d'injustice a parfois un effet plus fort que la réalité elle-même.
Selon le baromètre annuel de la pauvreté du Secours populaire, 45% des Français ont perdu des revenus à cause de la crise, 27% restreignent leur quantité de nourriture… Il y a des salariés de ces secteurs ?
Evidemment. Il faut malgré tout être prudent. Quand on perd de l'argent et qu'on ne gagne presque rien, ce n'est pas la même chose. On mélange des situations différentes et on finit par masquer les situations de personnes en graves difficultés.
"Il y a des personnes sans emploi mais aujourd'hui aussi des salariés qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts. Les salaires sont trop faibles."
Louis Maurin, directeur de l'Observatoire des inégalitésà franceinfo
La seule hausse du gaz peut représenter les 10 euros d'augmentation du Smic de l'année dernière. Il faut agir ! Et on ne va pas tout résoudre avec un bond des salaires. Il y a quand même une reconnaissance de l'effort. Les salariés de la propreté, c'est la France qui se lève tôt !
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