Cet article date de plus de quatre ans.

Le gouvernement dévoile une liste de sept entreprises soupçonnées de discrimination à l'embauche selon l'origine

L'étude révèle que le taux de succès d'un candidat dont le nom a une consonance maghrébine est de 9,3% contre 12,5% pour le candidat avec un nom à consonance européenne.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Campagne de lutte contre les discriminations à l'embauche, le 25 avril 2016. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Le gouvernement dévoile jeudi 6 février le nom de sept entreprises françaises, soupçonnées de discrimination à l'embauche. Il s'agit d'Accor, Altran, Rexel, Renault, Air France, Arkema et Sopra Steria.

Le gouvernement s'appuie sur une campagne de testing réalisée au sein de 40 grandes entreprises françaises entre octobre 2018 et janvier 2019. Les résultats de cette étude, menée par une équipe de chercheurs de l'université Paris-Est-Créteil à la demande du ministère de la Ville et du Logement, mettent en évidence "une discrimination significative et robuste selon le critère de l'origine à l'encontre du candidat présumé maghrébin".

Le candidat au nom maghrébin discriminé

L'étude révèle que le taux de succès d'un candidat dont le nom a une consonance maghrébine est de 9,3% contre 12,5% pour le candidat avec un nom à consonance européenne. Un autre critère a été testé, celui du lieu de résidence des candidats. Mais pour ce dernier, "le différentiel entre candidats est moins significatif".

Ces chercheurs ont réalisé plus de 5 300 tests en combinant des candidatures et des demandes d'information, à la fois en réponse à des offres d'emploi ou de façon spontanée. Il s'agit, selon le gouvernement, du "plus grand testing jamais réalisé en France sur l'emploi".

Les noms des entreprises dévoilés

Le ministère du Logement et de la Ville, chargé de ce dossier, a dans un premier temps travaillé avec les entreprises fautives sans dévoiler leurs noms. Jeudi 6 février dans la soirée, il décide de dénoncer sept d'entre elles, pratiquant ainsi le "name and shame".

Le gouvernement reconnaît toutefois qu'"aucun enseignement par entreprise ne peut être définitivement tiré", l'étude comportant des "limites méthodologiques" : par exemple, la grande majorité des tests a reposé sur l'envoi de demandes spontanées directement aux managers avec des faibles taux de réponse ou des demandes d'informations, alors que la plupart des grandes entreprises ont un système informatisé pour réceptionner les candidatures.

Dans le même temps, le gouvernement dévoile une stratégie de lutte contre les discriminations, avec par exemple la généralisation du dispositif des emplois francs à tous les territoires, en augmentant le nombre de stages de 3e en faveur des jeunes en quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) ou encore en favorisant le tutorat. Le gouvernement indique qu'une nouvelle campagne de testing va être lancée.

"Profond désaccord et indignation" des entreprises

Dans un communiqué commun, six des sept entreprises pointées du doigt (Accor, Air France, Altran, Arkema, Rexel et Sopra Steria) expriment "leur profond désaccord et leur indignation face aux faiblesses manifestes de la méthodologie utilisée qui aboutit à des conclusions erronées". Les entreprises "déplorent le manque de rigueur de l'étude et l'absence de transparence dans les échanges qui ont suivi la remise de ce rapport au ministère". Elles rappellent "les engagements sociaux et sociétaux qu'elles prennent (...) pour assurer une égalité de traitement dans le recrutement et lutter pour l'égalité des chances."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.