Diversité dans les hautes écoles : "Nous avons le souhait d'accueillir des élèves qui soient divers", affirme le directeur de l'ENA
Le directeur de l'École Nationale d'Administration explique comment il pourrait y avoir plus de diversité dans son école et chez les hauts fonctionnaires. Ce que demande la ministre de la Fonction publique.
La ministre de la Transformation et de la fonction publique trouve que les hauts fonctionnaires ne sont pas suffisamment issus de toutes les catégories de la société. Dans le journal Le Monde du mercredi 7 octobre, Amélie de Montchalin propose la création de nouveaux dispositifs pour qu'il y ait plus de diversité. Patrick Gérard, le directeur de l'École Nationale d'Administration (ENA, à Strasbourg), se dit en accord sur ce point : "Nous avons le souhait d'accueillir des élèves qui soient divers. Pas seulement des élèves parisiens ou issus des catégories les plus favorisées mais des élèves issus de toutes les catégories sociales, des quartiers, des campagnes et des petites villes", déclare-t-il ce mercredi sur franceinfo.
Moins de places et plus d'inégalités scolaires
Selon Patrick Gérard, le manque de diversité dans son école, où seul 1% des élèves sont des enfants d'ouvriers, n'est que le résultat des inégalités scolaires : "Ça montre que le système éducatif n'est pas tout à fait égalitaire parce que nous, on est en fin de course. On arrive alors que les élèves ont été à l'école, au collège, au lycée, à l'université, souvent dans des grandes écoles comme Sciences po, HEC ou Normale Sup", analyse-t-il. "Et puis, on a beaucoup réduit le nombre de postes à l'entrée de l'ENA pour les étudiants. Il y a 40 ans, il y avait 100 postes pour les étudiants. Aujourd'hui, on en a 40", explique-t-il. "Il est important de créer des postes supplémentaires pour accueillir des élèves différents dans notre école. Nous, on est tout à fait enthousiaste pour le faire", affirme le directeur de l'ENA.
Créer de nouvelles voies d'entrée
Il rappelle que des dispositifs ont déjà été mis en place pour permettre plus de diversité : "On a créé il y a dix ans une classe préparatoire intégrée qui accueille les élèves de milieux modestes, qui ont été de très bons étudiants à la faculté". Dans ces classes qui existent à Paris et Strasbourg, "nous demandons à nos élèves ou à nos jeunes anciens élèves d'encadrer ces étudiants, de leur donner les recettes, de les mettre en confiance", détaille-t-il. Patrick Gérard explique qu'il est aussi important de convaincre des élèves issus de catégories moins favorisées qu'ils peuvent intégrer ce genre d'école. "Il faut leur apprendre à ne pas se censurer. Parce que le principal sujet que nous avons, c'est que beaucoup de jeunes étudiants qui sont même brillants, qui travaillent bien, se disent 'Ces écoles, c'est trop difficile et pas fait pour moi'. Casser cette autocensure est notre principal objectif."
Le directeur se dit prêt à réfléchir à un dispositif d'entrée semblable à un autre, utilisé par Sciences Po Paris depuis 2001 : la voie d'accès spécifique aux étudiants issus de milieux défavorisés. "On va y travailler. Mais il ne faut pas que cette voie d'accès soit une sous-voie d'accès", déclare Patrick Gérard. "Donc, il faut agir mais il ne faut pas qu'elle soit considérée par les autres personnes comme une moins bonne. Il faut qu'elle soit de très bonne qualité".
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