Plans sociaux : des années après, ils se souviennent
Dernier volet de notre série sur la vie après un plan social. Anciens de SFR (2008) et de Moulinex (2001), que sont-ils devenus ?
PLANS SOCIAUX - Ils ont connu le plan social, l'errance, le reclassement, les formations... Que sont-ils devenus ensuite ? Anciens de SFR (2008) ou de Moulinex (2001), ils racontent la vie après un plan social, avec un nouvel emploi ou pas.
Francetv info clôt sa série en cinq actes consacrée au devenir des victimes de plans sociaux. D'anciens combattants du reclassement reviennent sur leurs blessures et leur vie d'après.
Jean-Marie : "J'en ai profité pour créer ma société"
Il appartient aux heureux des plans sociaux. Jean-Marie Bernard a décidé de quitter SFR en 2008, à la faveur d'un plan de départs volontaires. "Je figurais dans la liste des salariés éligibles au départ, explique-t-il. Le groupe voulait se séparer de 1 200 personnes, j'ai accepté de monter dans la charette." Alors âgé de 50 ans, "trop vieux pour retrouver du travail dans l'informatique", il a décidé de changer de cap.
Il était "responsable du parc informatique de SFR", il est devenu "installateur mainteneur en systèmes solaires thermiques et photovoltaïques". Il était salarié, il est devenu chef d'entreprise. "J'ai profité des possibilités de formation et de mes indemnités de départ (150 000 euros) pour décrocher un certificat de qualification professionnelle et créer ma société", raconte-t-il. Ce projet lui tenait à cœur depuis quelques temps, le plan social a donc servi d'accélérateur.
Comme d'autres, Jean-Marie Bernard a connu une brève phase de deuil - "cette petite larme de ne pas aller au travail" -, il a aussi connu les cabinets de reclassement - "ils gèrent un dossier, c'est du pointage". Il a réduit son salaire de moitié. Mais il ne regrette pas d'avoir "concrétisé une passion".
Les Moulinex : "On n'était pas des incapables"
Elles viennent de souffler la onzième bougie de leur plan social. "On a été renvoyées chez nous le jour des tours", se souvient Josette Gosselin. Le 11 septembre 2001, Moulinex cessait son activité à Cormelles-le-Royal, dans la banlieue de Caen (Calvados). 1 350 personnes, dont une majorité de femmes, âgées en moyenne de 48 ans. Aujourd'hui, certaines sont à la retraite, d’autres perçoivent l’allocation amiante, et le reste travaille ou galère.
Ce jeudi, autour d'un simple pique-nique, une demi-douzaine d'ex-Moulinex attendent l'assemblée générale hebdomadaire de l'association Apic-Mx. Sa présidente, Maguy Lalizel, s’y trouve presque tous les jours depuis 2003, animée par une colère inépuisable. "Il a fallu lutter pour prouver que les Moulinex n'étaient pas des incapables", lâche-t-elle. L'association soutient les anciens de l'entreprise, les conseille, et les aide à monter leur dossier d’indemnisation aux prud'hommes "pour licenciement sans cause réelle ni sérieuse". A la clé, quelques milliers d'euros mais aussi huit ans de procédure.
Jean-Marie a apporté une bouteille de vin liquoreux pour fêter son anniversaire. Cet ancien du bureau d'études a mis des années à trouver le courage de venir à Apic-Mx, "traumatisé" comme beaucoup par son licenciement. "Je souffre toujours dès que je vois un appareil Moulinex", livre-t-il, lui qui travaillait sur les futurs fours à micro-ondes. Il a connu le chômage, la déprime, une embauche chez Seb, deux autres licenciements économiques. Aujourd’hui, il touche l'allocation amiante (65% de son ancien salaire brut). Et à ses heures perdues, il nettoie la rivière dans son village - à défaut de long fleuve tranquille dans sa vie.
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