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Les syndicats d'ArcelorMittal de Florange sont-ils représentatifs?

Nicolas Sarkozy affirme que les militants venus à paris jeudi pour l'interpeller sur l'avenir de leur usine ne sont "pas représentatifs". Leur intersyndicale rassemble pourtant plus de deux salariés sur trois.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Environ 200 salariés de l'usine ArcelorMittal de Florange (Moselle) ont manifesté à Paris, jeudi 15 mars 2012. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Refoulés à la bombe lacrymogène du QG de campagne de l'UMP jeudi 15 mars, les syndicats d'ArcelorMittal de Florange (Moselle) refusent un rendez-vous avec le président Sarkozy, lundi 19 mars. Il faut dire que leurs relations sont compliquées depuis le début du conflit social. Nicolas Sarkozy, jeudi, a fini par s'en prendre aux syndicats, quitte à commettre quelques erreurs. 

  • "Les métallos [devant venir à Paris] ne sont pas représentatifs."

C'est l'argument de Nicolas Sarkozy pour ne pas recevoir les quelque 200 salariés venus manifester à l'appel de l'intersyndicale (CFDT-CGT-FO, la CFE-CGC s'étant retirée). Mais c'est faux. Avec 92% de participation aux dernières élections, l'ensemble des syndicats représentent 2 453 salariés de l'usine de Florange (sur 2 667 au total). Et parmi eux, l'intersyndicale, menée par la CFDT, a rassemblé les trois quarts des suffrages, puisque 1 825 métallos ont voté pour elle.  

"On en reparlera quand les candidats à la présidentielle feront autant", ironise Patrick Auzanneau, représentant syndical national de la CFDT-ArcelorMittal, contacté par FTVi. Outrés par l'argument de non-représentativité brandi par Nicolas Sarkozy, l'intersyndicale a donc annoncé le boycott de la réunion prévue lundi 19 mars à l'Elysée.

Ce qui ne plaît pas à la CFE-CGC, qui a quitté l'intersyndicale pour "les salariés qui veulent continuer à travailler et fournir les clients", justifie Xavier Le Coq, secrétaire national de l'industrie de la Métallurgie CFE-CGC. A Florange, ce troisième syndicat est minoritaire : il représente un quart des salariés et, lui, souhaite toujours rencontrer le président de la République.

  • "Que la CGT ne pense pas qu'elle a un rôle politique à jouer dans cette campagne, ça ne lui va pas, ce n'est pas bien."

Sarkozy accuse la CGT d'ArcelorMittal de jouer un "rôle politique" ( FRANCE 2)

Dernier recours du président candidat : accuser les syndicats d'ingérence dans la campagne. Ainsi, le leader national de la CGT, Bernard Thibault, avait lancé à Nicolas Sarkozy, avant sa déclaration de candidature : "Je crois pouvoir dire sans trop m'avancer, que vous aurez du mal, Monsieur le futur candidat, à trouver dans cette salle et chez ceux qui nous écoutent, beaucoup de supporters pour vous aider à rempiler cinq ans de plus à l'Elysée."

Des propos dont Jean Mongin, délégué syndical CGT d'ArcelorMittal, se désolidarise : "Nous, depuis la base, nous n'avons rien à voir avec ça."
En engageant le mouvement le 20 février, l'intersyndicale avait tout de même promis de faire de Florange "le cauchemar du gouvernement" si les deux hauts-fourneaux de l'aciérie, en sommeil depuis plusieurs mois, n'étaient pas remis rapidement en route. "Ça n'a rien à voir avec la politique, affirme Jean Mongin, nous jouons notre survie." D'ailleurs, il a cru un moment que "malgré Gandrange, Nicolas Sarkozy avait du pouvoir sur Mittal" pour intervenir à Florange. Mais il constate à présent que "ce n'était qu'un coup de communication, alors que toute la Lorraine est oubliée par l'Elysée", pointant le manque de "courage" de du président, qui n'est jamais allé à Florange.

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