Florange : Arcelor Mittal poursuivi pour "gestion irrégulière des déchets", après la vidéo tournée par un chauffeur
"C'est une toute petite victoire", confie lundi à France Bleu Lorraine Nord le lanceur d'alerte, qui avait révélé avoir déversé des déchets toxiques dans la nature.
"C'est un premier pas, c'est une toute petite victoire", explique lundi 10 septembre au micro de France Bleu Lorraine Nord Karim Ben Ali, l'ancien chauffeur d'une entreprise sous-traitante de l'usine Arcelor Mittal de Florange (Moselle), après la décision de la justice de poursuivre Arcelor Mittal pour "gestion irrégulière des déchets".
En juin 2017, la vidéo tournée par Karim Ben Ali, révélée par France Bleu Lorraine Nord, avait fait scandale. Le chauffeur intérimaire se filmait en train de déverser un liquide jaunâtre dans le crassier de Marspich (Moselle). Selon lui, il s'agissait d'acide. Cinq millions de personnes avaient alors vu sa vidéo.
Après 14 mois d'enquête, la procureure de Thionville a rendu ses conclusions vendredi. Selon les analyses, il n'y a pas de pollution du crassier, mais une gestion irrégulière des déchets de la part d'Arcelor Mittal.
Karim Ben Ali entend "prouver que c'est bien de l'acide" qu'il a déversé. Actuellement sans emploi, l'ancien chauffeur ne veut pas en rester là et va attaquer Arcelor Mittal avec ses avocats. "J'ai des éléments en main, si la justice veut bien les prendre, au moins on saura la vérité", affirme-t-il. Ce trentenaire, père de famille, parle du "combat de sa vie". Il espère "un choc et des excuses d'Arcelor Mittal car ils m'ont dit que j'étais un menteur". Il compte bien obtenir réparation pour tout ce qu'il a perdu.
La CGT "soulagée"
Lundi après-midi, un comité d'entreprise extraordinaire se tenait au siège du site mosellan à Florange. Lionel Burriello le délégué syndical CGT, s'est dit "soulagé" après la décision de justice. "Il n'y a pas eu de pollution d'acide de grande envergure, il n'y a pas de conséquence sur l'environnement, il n'y a pas de fraude ni de corruption, donc les suspicions sur le professionnalisme des salariés sont évacuées." Karim Ben Ali comprend la réaction des syndicats de Florange qui ont "la peur de l'emploi", selon lui, mais il leur en veut et se dit "dégoûté de leur attitude".
Après sa révélation, Karim Ben Ali avait été licencié et obligé de déménager dans le sud de la France. Le groupe sidérurgique avait nié à l'époque toute responsabilité dans ces "prétendus versements" et ordonné l'ouverture d'une enquête interne "pour faire toute la lumière sur les faits".
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