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140 magasins la Halle aux chaussures bientôt fermés : "Il y a des gens qui se sont goinfrés, mais pas les salariés"

Le groupe Vivarte continue son démantèlement. Les marques Naf Naf et André sont à leur tour concernées, ainsi que la Halle aux chaussures, chaîne qui perd à elle seule 140 magasins.

Article rédigé par Isabelle Raymond, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Arnaud et Martine Moujol ont géré un magasin la Halle aux chaussures pendant 30 ans près de La Rochelle. (Isabelle Raymond / franceinfo)

Le démantèlement de Vivarte est en marche. Après Kookaï, Pataugas et Chevignon, le groupe d'habillement et de chaussures met en vente André et Naf Naf. L'annonce a été faite mardi 24 janvier aux syndicats.

Le groupe réduit également la voilure de son navire amiral, la Halle aux chaussures, avec un plan social qui concerne plus de 570 salariés et la fermeture annoncée de plus de 140 magasins, dont celui d'Arnaud et Martine Moujol. Ce couple de co-gérants a un magasin près de la Rochelle.

30 ans d'expérience, 1 400 euros de salaire

Le magasin qu'ils gèrent en couple depuis la fin des années 80, près de la Rochelle, va fermer. Arnaud et Martine avaient atterri là un peu par hasard. Ils avaient été mutés dans la cité charentaise par la Halle aux chaussures et étaient devenus un des seules couples de co-gérants de l'enseigne."C'est 30 ans dans un magasin. On l'a ouvert en 1988. Là, on va faire sa fermeture. C'est une page de notre vie qui se tourne", décrit Arnaud.

Martine, elle, pense surtout à ses trois salariés. Elle les a appelées pour leur annoncer la mauvaise nouvelle : "Même si on s'y attend, je pense que c'est un choc. Elles sont en couple, mais elles ont des prêts sur le dos, des enfants en bas âge, en études... C'est inquiétant tout ça."

Et après se demandent-ils ? Dans une autre vie, ils ont été gérants d'une station service. Mais à leur âge, rigole Arnaud, "pour rebondir ça va être plus compliqué parce que là, on commence à s'approcher de l'âge de la retraite. Donc cela va être plus compliqué pour se reclasser, si on doit être reclassés. On va voir dans quelles conditions ils vont faire les choses."

"Un boulet financier"

Arnaud et Martine ont respectivement 57 et 58 ans. Martine, elle, se souvient de l'âge d'or de la Halle aux chaussures : "Nous, on a vu la Halle aux chaussures se monter, faire des ouvertures, faire de l'argent à gogo. Il y a des gens qui se sont goinfrés, mais pas les salariés, parce que les salaires sont minables. [C'est là qu'a commencée] la descente aux enfers. Mais c'est surtout depuis trois ans que [c'est devenu plus difficile]. Notre chiffre d'affaires a baissé de 50 %".

2 800 euros à eux deux, le couple Moujol s'étranglait quand en comité de groupe, le patron de Vivarte, Patrick Puy parlait de la Halle aux chaussures comme d'un boulet financier.

Les boulets financiers, ce n'est pas nous. Ce sont les PDG successifs qu'on a eu, et je peux vous dire qu'ils ont fait des conneries, ils ont dépensé l'argent à tort et à travers.

Martine Moujol, co-gérante d'un magasin la Halle aux chaussures

"Avec 28 ans d'ancienneté, on a des salaires de responsables de magasin qui sont autour de 1 400 euros nets. Donc ce n'est pas nous les boulets, nous on n'est pas partis avec trois millions d'euros", ajoute son mari. "Quel beau gâchis et quel mépris pour nous", concluent-ils.

Portrait de ce couple qui a géré un magasin la Halle aux chaussures pendant près de 30 ans, par Isabelle Raymond.

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