"On est obligé de baisser les bras" : dans les Vosges, la station de Ventron abandonne le ski, faute de neige régulière
Cet hiver, les remontées mécaniques n'ouvriront pas dans cette station vosgienne et ce n’est pas à cause du Covid-19. L'enneigement est trop aléatoire pour assurer le bon fonctionnement du site. Etat des lieux, cinq ans après la signature de l'accord de Paris sur le climat.
Le ski à Ventron, c'est avant tout une histoire de famille. Celle des Leduc, qui débute avec le grand-père, en 1922, pour se terminer aujourd’hui avec le petit-fils Thibaut. Les Leduc, c’est une institution dans cette station des Vosges. Ils gèrent les remontées mécaniques et deux hôtels. Sauf que cette année, le petit-fils jette l'éponge, il se retire du ski. Effet direct du réchauffement climatique, la neige n’est plus assez régulière pour garantir une rentabilité.
"Cela devient de plus en plus difficile, on a de plus en plus de mal à faire de la neige de culture", explique ainsi Thibaut Leduc, qui souhaite se recentrer sur son métier d’hôtelier. "On aurait pu suivre, mais il aurait fallu qu'on délaisse l'hôtellerie. Nous avons deux métiers, suivre les deux commence à être très difficile. C'est pour cette raison qu'on se recentre sur l'hôtellerie. À un moment, on est obligé de baisser les bras."
"Aujourd'hui, on est en train de vivre un tournant à 180 degrés, parce qu'il le faut, parce qu'il y a un réchauffement climatique, il ne faut pas se leurrer."
Brigitte Vanson, maire de Ventronà franceinfo
Thibault Leduc souhaite désormais investir dans l’hôtellerie de bien-être et de nature. Il a un gros projet de construction, avec des emplois à la clef. Une étude a été lancée par le département et l'État pour défricher le terrain de cette reconversion un peu forcée à l'échelle de la station. C'est encore l’inconnu pour la maire nouvellement élue, Brigitte Vanson : "Une vision claire, je ne dirais pas", reconnaît l'élue.
Un virage radical, des professionnels en désaccord
À Ventron, on compte sept remontées mécaniques. Elles sont installées au milieu des sapins, à 900 mètres d’altitude. La population double au mois de février. L'économie du ski digère donc mal le virage qui s'annonce. Les loueurs et les moniteurs ont lancé une pétition, défendue par Pascal Jeandel, conseiller municipal et loueur de chalets pendant la saison.
"Moi, je considère que ce n'est pas terminé, on va essayer de proposer des projets pour que le ski continue. Je pense qu'on est une station qui est très bien adaptée pour les familles et pour tous les skieurs. La saison d'hiver est très importante ici." La reconversion de Ventron en est donc au stade embryonnaire. L'an passé, la station n'a tourné que pendant 30 jours.
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