Les forains, oubliés du déconfinement, menacent de bloquer les routes : "S'il faut en arriver là, on est capables de le faire"
La réouverture des manèges et fêtes foraines ne fait pas partie de l'allègement des mesures anti Covid-19 annoncées par le gouvernement. Face à ce silence, la profession envisage des actions de blocage.
C'est le symbole d'une société qui depuis un an, depuis le début de l'épidémie de Covid-19, a mis le divertissement de côté. Les manèges de Xavier Saguet prennent la poussière au fond d'un hangar à Soissons (Aisne) : "Là, vous avez le dernier manège qu'on a acheté avec mon fils qui s'appelle King Loop, qui est stocké en attente de repartir". Comme les 50 000 forains du pays, il est prêt à reprendre la route.
Un protocole sanitaire en attente
Le problème, c'est que la profession a été oubliée des dernières annonces du calendrier de déconfinement annoncé par le gouvernement, se désespère Xavier Saguet : "À aucun moment, il n'a été question de la réouverture des fêtes foraines ou de ses critères de réouverture. Et pourtant, les dossiers sont sur leur bureau depuis le 14 avril 2020. Tout le protocole sanitaire, les conditions de retour à l'activité, tout ça, ils sont au courant. On devait avoir des réponses vendredi dernier mais on n'a encore rien."
"Un commerçant qui a un bar, un restaurant, aujourd'hui en France, il sait que le 19 mai, il pourra rouvrir sa terrasse avec 35% ou 50% de sa clientèle. Pourquoi nous, forains, on ne peut pas savoir ?"
Xavier Saguet, forainà franceinfo
Sans réponses rapides, les forains promettent de bloquer les routes dans les prochains jours. "S'il faut en arriver là, on va en arriver là. On est capables de le faire, prévient Xavier Saguet. Ça, y a aucun problème, des camions, vous en voyez autour de moi, il y en a partout et il y en a dans toute la France, dans toutes les remises. Et depuis le temps qu'ils n'ont pas tourné, ça leur fera du bien de prendre la route, ça, c'est évident".
"Une vie insipide"
Il y a une colère, on l'entend, chez les forains. Il y a aussi une grande détresse. Les traites des manèges, souvent coûteux, s'accumulent, explique Xavier Saguet : "Les trésoreries sont à sec. On est tous à découvert. On est tous criblés de dettes". Et puis, il y a ce mal-être profond, celui du commerçant qui aime son métier et qui ne peut plus l'exercer depuis des mois. "Qu'est ce que ça fait de travailler quand on est habitué à voir du monde, à monter les manèges, avoir des ampoules, à apporter un peu de joie à tout le monde? Qu'est ce que ça fait ?", nous lance le forain de Soissons. Ça fait comme un jardinier qui n'a plus de plantes à couper, comme un boulanger qui n'a plus de farine. Voilà, ça fait une vie insipide et on se demande ce qui nous arrive et maintenant, il faut des réponses".
Les forains réclament, a minima, la réouverture rapide des fêtes foraines de village.
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