"On le ressent comme une injustice" : une proposition de loi pour que les diabétiques ne soient plus bannis de certains métiers
Certains métiers sont interdits aux diabétiques. Une règle obsolète, selon eux. Une proposition de loi vise à rétablir leurs droits.
Il y a dix ans, Magali Fretay apprend qu'elle est atteinte de diabète de type 1. Elle qui est sapeur-pompier professionnelle découvre alors que les diabétiques ont interdiction d'exercer ce métier, comme d'autres encore. Pilote d'avion, contrôleur SNCF, hôtesse de l'air, marin, conducteur de train… Une situation à laquelle une proposition de loi débattue à l'Assemblée nationale jeudi pourrait mettre fin.
Sous le choc au moment de l'annonce, Magali décide de ne pas en parler à sa hiérarchie. "J'ai continué tout à fait normalement, sans rien dire. J'avais juste quelques collègues qui étaient dans la confidence au cas où il m'arriverait quelque chose, des gens qui étaient très proches. Mais j'ai continué à faire toutes les interventions, que ce soit sur l'incendie, sur des accidents de la route, sur le secours à personne etc."
"Faire le deuil" de son métier
Au bout de deux ans et demi, Magali Fretay se résout à en parler à ses chefs, au médecin des pompiers, qui applique immédiatement la règle en cas de diabète dans ses rangs. "Je suis ressortie du bureau en ayant une inaptitude sur l'incendie de manière assez brutale. À partir de ce jour-là, je n'ai plus pu intervenir sur les interventions incendie. On doit faire le deuil d'une partie du métier dans lequel on s'est engagé."
C'est un crève-cœur et on le ressent un peu comme une injustice parce que pendant un certain nombre d'années en n'ayant rien dit, tout s'est finalement très bien passé, il n'y a pas eu de souci.
Magali Fretay, sapeur-pompier et diabétiqueà franceinfo
La raison numéro 1 de cette interdiction, c'est la crainte d'une crise d'hypoglycémie lors d'une intervention. "Sauf qu'à l'époque où les textes ont été écrits, ce n'était pas les mêmes traitements, explique Magali Fretay. On n'avait pas les évolutions technologiques qui permettent aujourd'hui d'avoir une mesure de la glycémie en continu et des pompes à insuline, des innovations qui nous permettent de vivre tout à fait normalement. Il y a des sportifs de haut niveau qui sont diabétiques, des gens qui font des ultra-trails."
Une proposition de loi pour passer au cas par cas
Cette réglementation vieille de 40 ans est obsolète, dit Agnès Firmin-Le Bodo. Cette députée Agir (groupe de droite partenaire de la majorité) de Seine-Maritime est à l'origine de la proposition de loi débattue jeudi 30 janvier à l'Assemblée et qui veut abroger ces règles pour préférer le cas par cas. "L'idée est que le médecin du travail doit être à même d'évaluer, avec le médecin qui suit cette personne diabétique, sa capacité à exercer ou pas." Cette proposition semble faire consensus, et a de fortes chances d'être adoptée. En commission à l'Assemblée, elle a déjà été votée à l'unanimité.
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