Maroc : à Jerada, les mines de la mort ont encore tué
Après la mort d’un troisième mineur dans les puits clandestins d’extraction de charbon à Jerada, une grève générale et une grande manifestation ont été observés le 2 février dernier.
"Les mines de la mort", ces puits clandestins d’extraction de charbon, ont fait un nouveau mort à Jerada, le 1er février. Abderrahmane Zakaria, âgé de 32 ans, s’est retrouvé piégé dans une galerie désaffectée, d’après les témoins. Des centaines de personnes se sont rapidement rassemblées dans la rue pour crier leur colère et une grève générale a également été observée. Cette ancienne ville minière du Nord-Est du Maroc est le théâtre de manifestations depuis la mort de deux frères dans un autre puits fin décembre.
Un taux de chômage deux fois plus élevé qu’à l’échelle nationale
Les manifestants dénoncent "l’abandon" de cette ville depuis la fermeture, en 1998, d’une grande mine de charbon. L’activité minière constituait la principale ressource de la population mais aujourd’hui, Jerada est l’une des villes les plus pauvres du Maroc. Le taux de chômage atteint 32% contre 16% à l’échelle nationale. Quant au taux de pauvreté, il atteint 11% contre 5% à l’échelle nationale.
Malgré la fermeture de la mine, des centaines de mineurs continuent de risquer leur vie pour extraire clandestinement du charbon. Mais comme l’explique Abderrazak Daioui, un de ces mineurs clandestins, c’est parce qu’ils n’ont pas "d’autre alternative" : "Nous travaillons dans ces puits de manière anarchique, seuls parce qu’il n’y a pas la possibilité d’aller travailler ailleurs. Si nous avions le choix, nous ne retournerions jamais dans ces puits, personne n’accepterait d’aller travailler dans la mort."
Un "plan d'urgence" a été présenté par les autorités régionales mais il n’a pas fait taire la contestation. Le ministre marocain Mustapha El Khalfi a fait savoir que le chef du gouvernement se rendra "prochainement" dans la région à la tête d'une délégation ministérielle.
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