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"Vous trouvez ça normal d'attendre douze mois pour être jugé ?" : les greffiers en colère contre la réforme de la fonction publique

Les fonctionnaires appellent à une mobilisation massive, jeudi 9 mai, pour protester contre la réforme de la fonction publique qui arrive lundi 13 mai à l'Assemblée nationale. Les greffiers notamment sont dans la rue.

Article rédigé par franceinfo - Alexandre Fremont
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Magistrats, greffiers et avocats lors d'un rassemblement pour une "meilleure justice", devant le tribunal de Renne, le 15 février 2018. (DAMIEN MEYER / AFP)

C'est la première manifestation unitaire depuis le 22 mai 2018. Les greffiers, notamment, sont dans la rue pour protester contre le projet de loi de transformation de la fonction publique. Ils viennent de toute la France, avec plus ou moins d'expérience, mais partagent les mêmes difficultés. Ils dénoncent un manque cruel de moyens, d'abord matériel. Isabelle est greffière au tribunal de grande instance de Saint-Etienne depuis plus de 20 ans et travaille sur des logiciels désuets.

Toutes les personnes qui ont été arrêtées, et qui devaient être présentées devant le juge des libertés, on ne les a faites qu'à 17h30 car notre logiciel était en panne.

Isabelle, greffière au TGI de Saint-Etienne

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Les greffiers manquent aussi de moyens humains. S'il n'y a pas eu de suppression de postes ces dernières années dans le métier, la réforme ne prévoit pas non plus d'augmenter les effectifs. Antonio, basé au tribunal de grande instance de Mont-de-Marsan, reste parfois plusieurs heures en audience le soir, faute de greffiers : "Trouvez-vous cela normal qu'il faille attendre dix, onze, douze mois pour être jugé ?", interroge-t-il.  

Moins de papiers, moins de greffiers

Autre souci pour la profession : l'externalisation de certains services vers le privé comme la numérisation des documents judiciaires. Nadège, de la cour d'appel de Metz, s'y oppose. "On aura plus besoin de nous parce qu'il y aura moins de gestion de papier. Mais ce n'est pas de la gestion de papier qu'on fait ! C'est de la gestion de gens et d'affaires", réagit-elle. Aujourd'hui, les greffiers cumulent plusieurs tâches à cause du rapprochement des tribunaux : l'accueil, la préparation de dossier, le suivi des audiences... Pour eux, c'est beaucoup de travail abattu dans l'ombre, sans véritable reconnaissance du gouvernement. Benjamin, greffier à la cour d'appel de Colmar, explique : "Il y a deux solutions : soit on est des bons petits soldats et on travaille jusqu'à épuisement parce qu'on sait qu'il y a un justiciable derrière, soit on dit qu'on n'en peut plus et à ce moment-là le service reste en souffrance."

Au total, plus d'une centaine de manifestations sont prévues dans toute la France ainsi qu'à Paris où le cortège s'élancera à 14 heures de la place Denfert-Rochereau à destination des Invalides.

Reportage d'Alexandre Fremont

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