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Un testing de SOS Racisme révèle que 45% des agences d'intérim acceptent de discriminer à la demande de clients du BTP

Selon une information de France Inter, près de la moitié des agences d'intérim interrogées par SOS Racisme acceptent de discriminer les travailleurs étrangers ou de "type non européen". 

Article rédigé par franceinfo
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45% des agences d'intérim interrogées par SOS Racisme, toutes dans le domaine du BTP, acceptent de discriminer les travailleurs étrangers ou de "type non européen". (SEBASTIEN JARRY / MAXPPP)

Dans un nouveau testing réalisé par SOS Racisme, 45% des agences d'intérim interrogées, toutes dans le domaine du BTP, acceptent de discriminer les travailleurs étrangers ou de "type non européen", révèle France Inter ce vendredi. Ce testing téléphonique a été réalisé en mai dernier, auprès de 70 agences d'intérim en Île-de-France, parmi les neuf principales enseignes de l'intérim. Elles représentent à elles seules 19 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Tous les coups de fil ont été réalisés en moins d'une semaine, pour éviter les soupçons. À chaque fois, le même scénario : l'une des membres de l'équipe de testing se fait passer pour l'assistante d'une entreprise fictive du BTP, et dit avoir reçu des consignes de son patron. Elle demande à recruter uniquement des travailleurs de "type européen".

"Je n'ai rien entendu mais je le note"

Dans les réponses des agences d'intérim, enregistrées par l'association SOS Racisme, on entend notamment : "Je n'ai rien entendu mais je le note", "j'entends votre demande mais ne m'écrivez pas", "si on n'a aucune preuve de ce type d'échange, on peut faire le nécessaire". Au total, près d'une agence interrogée sur deux a accepté la demande discriminatoire.

"C'est d'autant plus accablant que certaines d'entre elles ont signé une charte qui promeut l'égalité."

Marie Mescam, responsable du pôle juridique de SOS Racisme

"On n'a pas cherché à les pousser à la discrimination. Si on nous disait non, ça s'arrêtait là", assure Marie Mescam, responsable du pôle juridique de SOS Racisme. "On a beau faire passer des lois, elles ne sont pas vraiment appliquées. Alors que ce ne sont pas des lois contraignantes."

Parmi les enseignes ciblées, Adecco, renvoyée récemment en correctionnelle pour fichage ethnique, obtient cette fois une excellente note. Aucune de ses agences n'est mise en cause par le testing, à l'opposé d'autres enseignes comme Proman, Ergalis ou Morgan Service. Plus de 60% de leurs agences ont accepté de discriminer. De son côté, SOS Racisme plaide pour une interdiction de gestion d'entreprise pendant dix ans pour les employeurs condamnés pour discrimination, et une obligation de formation pour l'ensemble des professionnels de l'intérim.

L'association souhaite également interpeller les candidats à la présidentielle sur ces questions, trop peu présentes dans le débat public, selon elle.

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