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Traitements indignes en psychiatrie à Saint-Étienne : "Nous allons déclencher des audits et des actions", explique le directeur du CHU

Mickaël Galy, le directeur du CHU de Saint-Étienne, a réagi sur France Bleu Saint-Étienne Loire jeudi au rapport de la contrôleure générale des lieux de privation de liberté.

Article rédigé par franceinfo - Avec France Bleu Saint-Étienne Loire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Mickaël Galy, le directeur du CHU de Saint-Étienne, sur France Bleu Saint-Étienne Loire le 1er mars 2018. (RADIO FRANCE)

Alors que le CHU de Saint-Étienne a été épinglé jeudi 1er mars par un rapport de la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, le directeur de l'hôpital Mickaël Galy a indiqué sur France Bleu Saint-Étienne Loire se saisir du dossier. Adeline Hazan, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté évoque des "traitements indignes" dans l'accueil de patients hospitalisés pour des raisons psychiatriques

franceinfo : Comment expliquez-vous ce que pointe le rapport ?

Mickaël Galy : Le premier élément que je voudrais indiquer, c’est que  la gouvernance du CHU de Saint-Étienne prend évidemment très au sérieux les recommandations et a pris acte des conclusions de la contrôleure générale des lieux de privations de liberté. C'est une institution essentielle au bon fonctionnement de notre démocratie. Quels sont les constats posés par le contrôleur général des lieux de liberté lors de sa venue début janvier 2018 au CHU de Saint-Étienne ?  En réalité, ce que la contrôleure pointe, ce sont des pratiques de contention. Qu’est-ce qu’une contention ? C'est une prescription médicale utilisée lorsque l’on considère qu’un patient qui souffre de troubles mentaux présente un danger pour lui-même ou pour autrui ou pour prévenir un risque de fugue. Il y a évidemment une réflexion médicale à avoir, une articulation et un point de convergence à trouver entre les enjeux de liberté fondamentale d’aller et venir et les enjeux de sécurité pour les patients ou la société. Ce que le rapport pointe, ce sont des pratiques de contentions trop excessives sur des durées trop longues, alors c’est vrai que la contrôleure est venue sur la première semaine de janvier, c’était une période avec une particulière densité en terme d’activité et que le constat de durée moyenne de présence ne reflète pas ce qu’il est en réalité en moyenne. Il n’empêche qu’ils [les contrôleurs] ont fait des constats et que cette problématique-là n’est pas nouvelle, puisque sur des épisodes de tension ce type de problème se reproduit régulièrement.      

Ces problèmes sont-ils une conséquence de manques de moyens ?  

Je ne vais pas éluder la question des moyens mais je souhaite indiquer que nous avons pris très au sérieux la visite de la contrôleure des privations de libertés. Nous n’avons donc pas attendu le 1er mars pour réagir. Dès le 23 janvier, j’ai écrit à Adeline Azan, la contrôleure générale, pour lui faire part de l’absolue détermination de mettre un terme à ses pratiques montrées dans le rapport. Nous avons mis en place un certain de nombre de formations. Des formations qui étaient régulières sur les personnels de psychiatrie ou des urgences. Des formations qui sont renforcées sur les bonnes pratiques de contentions. Nous avons mis en place un registre des contentions de manière à ce que nous puissions analyser les pratiques. Nous allons déclencher des audits et des actions de contrôle de manière à ce que les pratiques changes. Si nos professionnels ont été conduits à avoir des pratiques de contentions non conformes ou excessives, c’est parce qu’il y a d’autres sujets. Ma détermination est d’accompagner les professionnels à régler d’autres sujets.  

Au fond, un des problèmes est qu’il n’y a pas d’autre hôpital de psychiatrie que celui de Saint-Étienne dans le département ? 

C’est une particularité du département de la Loire. C’est une psychiatrie qui s’est développée récemment, dans la deuxième moitié du 20e siècle. C’est le CHU seul qui déploie cette activité. Ce que l’on sait aussi c’est que dans le département le nombre de psychiatres en ville est moins important qu’ailleurs dans les autres départements français. Le nombre de lits de psychiatrie est moins important également. Résultat, une personne qui a besoin d’être suivie pour des problèmes de santé mentale, si elle ne trouve pas un psychiatre, son problème va devenir plus aigüe et à un moment donné cette personne va venir fréquenter les urgences. C’est bien une approche systémique qu’il faut avoir. C'est pourquoi je propose d’avoir deux actions complémentaires. La première est de créer un espace nouveau des urgences pour permettre aux médecins d’isoler les personnes souffrant de troubles mentaux en leur garantissant la liberté d’aller et venir et leur permettant une surveillance renforcée. Le deuxième est de pouvoir, dans les unités de psychiatrie, rajouter un lit supplémentaire et un salon d’apaisement de manière à pouvoir faciliter le parcours entre les urgences et le service de psychiatrie.

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