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Présidentielle : "Ce système" de parrainages "n'a pas de sens", explique un professeur de droit

"Il y a un décalage entre le mode de sélection des candidats, par des élus, et le mode d'élection du candidat par le peuple", a affirmé sur franceinfo ce lundi Dominique Rousseau, professeur de droit à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. 

Article rédigé par franceinfo
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Les candidats à l'élection présidentielle doivent obtenir 500 parrainages d'élus pour devenir officiellement candidat.  (MICHEL THOMAS / MAXPPP)

"Ce système n'a pas de sens", a expliqué lundi 10 janvier sur franceinfo Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, au sujet des 500 parrainages nécessaires pour être officiellement candidat à l'élection présidentielle. Les candidats ont jusqu'à début mars pour le faire. Ce mécanisme, qui date depuis le début de la Ve République, est critiqué par Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon (LFI) ou encore Valérie Pécresse qui estime que ce n'est pas démocratique.

franceinfo : Est-ce que ce système a encore un sens aujourd'hui ?

Dominique Rousseau : De mon point de vue, ce système n'a pas de sens. Il avait un sens peut-être en 1958, lorsque le président de la République était élu par des grands électeurs. Et dès 1958, il fallait déjà que 50 élus parrainent un candidat à l'élection présidentielle. En 1962, on a changé le mode d'élection du président de la République, au suffrage universel, mais on n'a pas changé le mode de sélection des candidats. Il y a donc un décalage entre le mode de sélection des candidats, par des élus et le mode d'élection du candidat par le peuple. Et évidemment, depuis 1962, ça a toujours posé un problème.

Est-ce un véritable problème ou juste des hommes et des femmes politiques qui se plaignent mais, au final, arrivent quand même à être candidats à la présidentielle ?

Ils y arrivent effectivement. Aucun grand candidat n'a été empêché de se présenter à l'élection présidentielle, à part Jean-Marie Le Pen en 1981. Mais pour le reste, tous les grands candidats et même les "petits candidats", puisque Philippe Poutou, par exemple, pour le NPA, ont pu avoir leurs 100 signatures jusqu'en 1976 et à partir cette année-là, leurs 500 signatures. De Gaulle voulait soustraire le président de la République à la maîtrise des partis politiques. Or, on redonne aux élus et aux partis politiques la maîtrise de la désignation des candidats. Donc là, il y a un décalage qui, me semble-t-il, n'est pas dans l'esprit de la Ve République.

Jean-Luc Mélenchon, à qui il manque une centaine de parrainages, a lui aussi évoqué son inquiétude ce week-end. Il propose d'ailleurs un système de "parrainage citoyen". Est-ce que c'est une proposition envisageable et légale ?

C'est un système que la commission Jospin avait proposé en 2012. À l'époque, on proposait 150 000 signatures de citoyens répartis sur 50 départements afin que les candidatures expriment véritablement un courant national et non pas une affinité locale ou communautariste. On avait retenu le chiffre de 150 000 signatures à partir des résultats des élections présidentielles qui nous montraient que des candidats comme Philippe Poutou, par exemple, dépassaient les 200 000 voix à l'élection présidentielle et par conséquent, que ça ne priverait pas les "petits candidats" de se présenter. C'est un système qui existe dans tous les pays européens qui élisent le président de la République au suffrage universel. Les candidats sont parrainés par les citoyens et pas par les élus. Ce qui paraît cohérent d'aligner le mode de sélection des candidats sur le mode de désignation des élus.

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