"L’état d’urgence sanitaire est parfaitement justifié", déclare ce mercredi sur franceinfo Laurence Rossignol, sénatrice socialiste de l’Oise
Le gouvernement prévoit la possibilité de déclarer l'état d'urgence sanitaire, dans un projet de loi présenté en conseil des ministres ce mercredi 18 mars.
"L’état d’urgence sanitaire est parfaitement justifié", a déclaré sur franceinfo Laurence Rossignol, sénatrice socialiste de l’Oise. L’ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes doit reprendre le chemin du Parlement jeudi 19 mars, où les travaux du Sénat et de l’Assemblée nationale se dérouleront en "format restreint".
Franceinfo : Cette idée d'état d'urgence sanitaire est-elle légitime ?
Laurence Rossignol : L’état d’urgence sanitaire est parfaitement justifié. Il y aura probablement un peu de débats dans les assemblées parce que de tels projets de loi ont besoin d'être précisés et bornés dans le temps. Le droit de réquisition est indispensable. Ce que le gouvernement fait est nécessaire, mais il faut aussi tirer les conséquences sur le plan sanitaire, pas simplement du coronavirus, mais de ce que ça bouleverse ou implique. Je prends un exemple très simple que je souhaiterais voir intégrer dans le projet de loi. J'ai été ce matin contactée par des obstétriciennes qui me disaient qu'il fallait absolument rallonger de deux semaines les délais d’IVG parce qu'on n'arriverait pas à tenir actuellement les délais légaux. Il faut donc aussi prendre des mesures qui anticipent les conséquences et désorganisations que va provoquer l'ensemble de notre mobilisation contre le coronavirus.
En tant que sénatrice, et malgré le coronavirus, c’est important selon vous que le Parlement soit présent sur place, pour que la démocratie continue ?
Oui, c’est une question d’efficacité et de nécessité. Je serai demain matin à la commission des affaires sociales pour examiner les volets sociaux des textes présentés. On sera doté de masques. On ne pourra pas transmettre des mots comme on le fait parfois dans l'hémicycle. On aura des règles extrêmement rigoureuses. Si on ne réunit pas le Parlement, on ne peut pas dégager d'argent supplémentaire. Les mesures d’état d'urgence sanitaire, il faut également les voter, tout comme le report des élections municipales et la prorogation des mandats des conseils municipaux actuellement en place et qui n'ont pas été élus au premier tour.
Les règles de droit qui président dans notre pays ne sont pas suspendues par l'épidémie. Le Sénat siégera demain et nous ferons notre travail sur ces textes comme nous le faisons toujours.
Laurence Rossignol, sénatrice de l'Oise et ancienne ministresur franceinfo
Nous le ferons avec rigueur, exigence, et nous prendrons le temps d'amender s'il faut amender. On a conscience de l'urgence. Mais on a aussi conscience que ce projet de loi a été rédigé dans l'urgence. Personne n'en ferait grief au gouvernement. Mais si le Parlement peut l'améliorer un peu, ce sera bien aussi.
Vous attendez du gouvernement des preuves d’écoute, dans ces temps aussi compliqués ?
Ce que j'attends du gouvernement, c'est qu’il prenne les décisions qui s’imposent. J'observe qu’un certain nombre de sujets ne sont pas clairs pour les Français. Je pense à la question du port du masque ou à la question du dépistage en particulier. Cela fait plusieurs semaines qu'on raconte aux Français que porter des masques ne sert à rien, que ce n'est utile que pour les gens qui sont malades. Et en même temps, on dit aussi que l'on ne dépiste pas tout le monde parce que ça ne sert à rien de dépister tout monde, qu’il ne faut dépister que les gens qui sont malades, voire très malades, à l'hôpital. Résultat : on ne sait pas qui doit porter un masque ou qui ne doit pas en porter. Il faut que le gouvernement soit clair. Je pense qu’on est en pénurie sur les masques et sur notre capacité à tester les cas de coronavirus.
Je suis très frappée des écarts de chiffres entre la Corée du Sud, qui peut dépister 20 000 personnes par jour, et la France qui ne peut en dépister que 1 000.
Laurence Rossignol, sénatrice de l'Oise et ancienne ministresur franceinfo
Des retards ont donc été pris. Ils vont se combler en ce qui concerne les masques, même s’il faudra aussi penser aux autres professions qui en ont besoin, les commerçants, ceux qui sont en contact avec le public. Et puis, nous allons devoir largement remonter notre capacité de dépister, parce que c'est très compliqué. Vous avez des familles dans lesquelles une personne est suspectée de coronavirus, mais elle ne peut pas être dépistée ni hospitalisée car son état n’est pas jugé grave. Nous devons avancer sur toutes ces interrogations.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.