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La nomination de Nathalie Roret à la tête de l'ENM divise les magistrats

L'Union syndicale des magistrats dénonce sur franceinfo la décision du ministre de la Justice. De son côté, un ancien directeur de l'École nationale de la magistrature espère que cette nomination apportera de la nouveauté.

Article rédigé par franceinfo
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L'École nationale de la magistrature, à Bordeaux. (VALENTINO BELLONI / HANS LUCAS)

La défiance de la magistrature envers le ministre de la Justice et avocat Éric Dupond-Moretti est ravivée par l'ouverture d'une enquête administrative contre trois magistrats dans le dossier des écoutes de l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy. Pour le garde des Sceaux, "on ne peut pas défendre la magistrature quand elle prend la fuite et n'assume pas ses responsabilités". Des mots durs accompagnés d'effet puisque le ministre annonce lundi 21 septembre la désignation d'une avocate, Nathalie Roret, à la tête de l'École nationale de la magistrature (ENM).

L'Union syndicale des magistrats très critique

"Une idée originale", selon Céline Parisot, présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM) interrogée par franceinfo lundi, qui renchérit, non sans sarcasme : "C'est original de nommer quelqu'un qui ne sait pas exactement ce que l'on fait quand on est magistrat pour en diriger la formation". "Manifestement, c'est un coup de com'", déclare la magistrate, qui déplore la "méconnaissance des méthodes pédagogiques de l'ENM" du ministre de la Justice.

Selon Céline Parisot, Éric Dupond-Moretti cherche à "détourner l'attention de l'enquête du Parquet national financier, dans laquelle il a des intérêts privés et professionnels". Elle est heurtée par les prétextes avancés par le garde des Sceaux pour justifier cette nomination, un besoin de réformer l'ENM, selon lui. "Il ne faut pas en faire un mantra comme si, par principe, l'École de la magistrature était fermée et poussiéreuse", réplique Céline Parisot. Selon elle, l'ENM se réforme déjà suffisamment. 

Un ancien directeur de l'ENM bien plus clément

"C'est une double innovation qui est tentée par le garde des Sceaux", réagi de son côté Xavier Ronsin, premier président de la cour d'appel de Rennes et ancien directeur de l'ENM de 2012 à 2016. "C'est la première fois qu'une femme est nommée à ce poste, qui revient traditionnellement à des magistrats, et une femme avocate de surcroît", souligne-t-il. On peut espérer qu'un changement puisse intervenir." L'ancien directeur espère que Nathalie Roret s'attaquera à la question des relations entre avocats et magistrats. Selon lui il y a aujourd'hui "une perte de confiance mutuelle et un sentiment de part et d'autre d'être incompris"

"Si la nouvelle directrice veut s'atteler à cette question-là, la formation commune, notamment, peut être un moyen de rapprocher ces deux professions", plaide-t-il. Xavier Ronsin rappelle ainsi qu'il y a "actuellement une grande part des jeunes magistrats issus d'autres professions, avocats, mais aussi juristes d'entreprise, par exemple. Donc, cette ouverture, elle est déjà réalisée".

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