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Des victimes de violences conjugales prennent la parole devant les forces de l'ordre : "Vous avez un uniforme, vous devez le respecter"

Deux ans après le lancement du Grenelle des violences conjugales, les victimes ont été invitées à s'adresser directement aux forces de l'ordre lundi au ministère de l'Intérieur. 

Article rédigé par Clémentine Vergnaud
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur Marlène Schiappa entourée des responsables de police et de gendarmerie et des victimes et familles de victimes, le 6 septembre 2021.  (CLÉMENTINE VERGNAUD / FRANCE INFO)

Dans le cadre du deuxième anniversaire du Grenelle des violences conjugales, le ministère de l'Intérieur a organisé lundi 6 août une conférence inversée dans ses locaux, pour donner la parole aux victimes et aux familles de victimes de violences conjugales, invitées à monter sur l'estrade pour raconter leur expérience devant un parterre de policiers et de gendarmes

Des lacunes dans la formation des forces de l'ordre

Pendant près de deux heures et demie, les témoignages se sont succédés, souvent chargés en émotion. Valérie Bacot, victime de la violence de son mari pendant plus de vingt ans et condamnée en juin à quatre ans de prison, dont trois avec sursis, pour l'avoir assassiné, raconte que ses enfants ont tenté d'alerté les gendarmes sur sa situation. "La deuxième fois où ils se sont rendus à la gendarmerie, ils se sont fait jeter, en disant, 'vous êtes des gamins, on a autre chose à faire, s'il y a quoi que ce soit elle n'a qu'à se déplacer'", raconte-t-elle, avant d'ajouter en s'adressant à son auditoire  : "Vous avez un uniforme, vous devez le respecter".

Difficile dans ce genre de cas de pousser la porte d'une gendarmerie quand on a peur de devoir ensuite rentrer à la maison. Battue par son conjoint dès ses 17 ans, Tatiana Laurens-Delarue estime que "quand on n'est pas éduqué aux violences, on peut ne pas comprendre pourquoi une victime reste".

"Une victime ne reste pas. Une victime est obligée, soumise à rester. Même avec toute la bonne volonté du monde, quand on n'est pas formé, on peut amener une victime à mourir."

Tatiana Laurens-Delarue

à franceinfo

Laura Rapp, elle, raconte l'effroi qui la saisit quand son conjoint, en détention provisoire pour tentative de meurtre, est libéré : "Je n'ai pas été prévenue. On libère les criminels sans prévenir les victimes. Ce soir-là j'étais sur ma terrasse, j'ai eu envie de sauter. Ma fille m'a appelée et je me suis dit qu'il fallait que je me ressaisisse, c'était violent."

"Il faut qu'on change la mentalité de tout le monde"

Face à tous ces témoignages, des hochements de tête, des récits de policiers ou ou gendarmes qui mettent en place des dispositifs locaux, mais peu de vrais échanges entre victimes et forces de l'ordre. Ce qui n'empêche pas le directeur général de la gendarmerie nationale de prendre acte du chemin restant à parcourir. "Il y a des choses qui fonctionnent, d'autres qui ne fonctionnent pas du tout. Je pense que c'est bien de l'entendre, estime le général Christian RodriguezCe que j'en retiens c'est qu'il faut qu'on change la mentalité de tout le monde. Pour que le fait d'être bien reçu ne soit pas une chance mais la norme, et que ça se passe tout le temps comme ça." 

De son côté, la ministre en charge de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, tient à ne pas opposer forces de l'ordre et victimes de violences conjugales : "Nous sommes tous dans le même camp", explique la ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur.

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