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Commission inceste : la société ne protège pas assez les enfants, regrettent les milliers d'adultes qui ont témoigné

La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) va présenter les premières conclusions des témoignages mercredi 17 novembre.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une petite fille dans une chambre. Photo d'illustration. (AURÉLIEN LAUDY PHOTOGRAPHE JOURNAL L'UNION-L'ARDENNAIS / MAXPPP)

Deux mois après le lancement d'appel à témoignages, la Commission Indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) va présenter les premiers enseignements tirés de la parole des victimes et de l'audition des experts, lors d'un colloque mercredi 17 novembre au ministère des Solidarités et de la Santé. La Ciivise recense 6 200 témoignages d'adultes victimes de violences sexuelles ou d’inceste lorsqu'ils étaient enfants. Parmi ces témoignages il y a 1 200 appels, 1 200 mails et courriers et 3 800 questionnaires, selon un document que s'est procuré franceinfo.

Toujours d'après ce document, le profil des victimes, établi sur la base des 3 800 questionnaires, est le suivant. Neuf victimes sur dix sont des femmes, avec une moyenne d'âge de 44 ans, 13% des victimes sont en situation de handicap. Concernant la libération de la parole, les victimes d'inceste sont 9 sur 10 à avoir déjà parlé de violences, "Une victime sur deux qui n'a pas parlé des violences ne l'a pas fait par honte, culpabilité, peur des réactions de l'entourage, de la procédure, etc.", selon la Ciivise.

Ce document éclaire aussi sur l'impact sur la santé mentale des victimes d'inceste. "Près de neuf victimes sur dix déclarent que les violences sexuelles ont eu un impact négatif sur leur confiance en eux et sur leur santé psychologique. Une victime sur trois rapporte avoir déjà fait une tentative de suicide". Il revient aussi sur l'impact de ces violences sur la santé et la vie sexuelle des victimes. "Suite aux violences sexuelles, une femme sur trois déclare des problèmes gynécologiques et une sur cinq déclare un dérèglement de son cycle menstruel ou une absence de règles". A la suite des violences sexuelles, "une victime sur trois déclare n'avoir aucune vie sexuelle. Près d'un homme sur deux déclare avoir une sexualité compulsive, cela concerne moins d'une femme sur trois".

"100% des victimes considèrent que la société ne protège pas assez les enfants"

Les victimes d'inceste insistent aussi sur leur vulnérabilité à la violence. "Six femmes sur dix et près de quatre hommes sur dix ont subi d'autres types de violences au cours de leur vie (dans le couple, au travail, dans l'espace public, au cours de leurs études)". Ces personnes ne se disent pas soutenues par la société pour les protéger. "100% des victimes considèrent que la société ne protège pas assez les enfants", indique le document. "Sept victimes sur dix qui ont parlé des violences l'ont fait plus de dix ans après les faits et pour quatre victimes sur dix qui ont révélé ces violences, le confident n'a rien fait".

Enfin, concernant la réparation du préjudice subi, "une victime sur deux n'a bénéficié d'aucun accompagnement psychologique. Un tiers des victimes en situation de handicap considèrent que leur handicap a été un frein à leur prise en charge médicale".

La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a été lancée en janvier 2021 par Emmanuel Macron pour mieux prévenir les violences sexuelles, mieux protéger les enfants victimes et lutter contre l’impunité des agresseurs. Elle est présidée par Edouard Durand, magistrat et expert de la protection de l'enfance, et par Nathalie Mathieu, directrice générale de l'association Docteurs Bru, qui accueille dans une maison spécialisée des jeunes filles victimes d'inceste. Le colloque de la Ciivise intervient quelques semaines après la publication du rapport Sauvé qui a révélé l'ampleur de la pédocriminalité dans l'Eglise catholique.

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