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Vidéo "On n’a pas les moyens humains, ni les moyens matériels !" : les raisons de la colère des surveillants pénitentiaires

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Article rédigé par Brut.
France Télévisions

Après des agressions à répétition, les gardiens de prison manifestent depuis une semaine pour dénoncer l’insécurité qui règne dans les établissements pénitentiaires et réclamer de meilleures conditions de travail.

Les gardiens de prison sont en colère. A l’origine de celle-ci, la multiplication des agressions dont ils sont victimes. Le 11 janvier 2018, quatre surveillants ont été blessés à l’arme blanche à Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais. Vendredi 19 janvier, deux gardiens ont été grièvement blessés à la suite d’une agression à Borgo, en Haute-Corse. Une situation qui ne peut plus durer pour les gardiens de prison, qui se mobilisent depuis une semaine pour réclamer de meilleures conditions de sécurité, davantage de moyens et d’effectifs. 

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En France, les prisons sont surpeuplées : 70 000 détenus pour 60 000 places. Dans les maisons d'arrêts, le taux d’occupation est de 140%. Une situation que dénonce Marcel Duredon, syndicaliste Force ouvrière et surveillant à Fleury-Mérogis : "On n’a pas les moyens humains, on n’a pas les moyens matériels ! (…) Nous avons 63 matelas au sol, plus de 4 500 détenus pour 1 200 personnels. C’est-à-dire que nous avons un surveillant pour 100 personnes détenues."

Un phénomène global pour Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de liberté : "Dans les établissements en Ile-de-France, dans le sud ou en outre-mer, c’est encore pire, on est à 200% d’occupation. Ça veut dire des détenus qui sont à quatre dans des cellules pour deux, des cellules de 9 m2." Elle dénonce une situation "inadmissible" qui "ne devrait pas exister en France, censée être la patrie des droits de l’homme."

Cette situation a déjà été pointée du doigt par la Cour européenne des droits de l’homme, qui a condamné la France à plusieurs reprises, notamment pour "traitement dégradant".

Le projet d'accord du gouvernement rejeté par les syndicats

Après une semaine de blocages, le mouvement s’était ralenti samedi 20 janvier pour permettre une phase de négociations entre le gouvernement et les syndicats. A la suite de celle-ci, le ministère de la Justice a proposé un accord comportant notamment l’embauche de 1 100 surveillants supplémentaires sur quatre ans. Mais unanimement, les syndicats CGT et Ufap-Unsa ont rejeté ce projet d’accord qu’ils ont jugé "bien en deçà des attentes des collègues mobilisés" et ont appelé à durcir le mouvement, dès lundi 22 janvier. 

En milieu de matinée, selon le SNP-FO et l’Ufap-Unsa, entre 120 et 130 prisons sur les 188 du pays étaient perturbées par des blocages organisés par les surveillants de prison. L’administration pénitentiaire faisait pour sa part état de 43 prisons concernées. La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, reçoit à 15 heures les organisations syndicale afin de reprendre le dialogue et trouver une issue à la crise.

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