"Après quarante ans de barreau, c’est une page qui se tourne": le nouveau palais de justice de Paris a ouvert ses portes
Le nouveau palais de justice de Paris, installé dans le quartier des Batignolles, au nord-ouest de la capitale, a ouvert ses portes lundi matin.
38 étages, 160 mètres de haut : le flambant neuf palais de justice de Paris a ouvert ses portes lundi 16 avril matin pour accueillir, à 9 heures, sa première audience. L’ancien et mythique palais, sur l’île de la Cité, continuera bien d’abriter la cour d’assises et la cour d’appel, mais la totalité du tribunal de grande instance et les vingt tribunaux d’instance de Paris se trouvent désormais dans cet immense nouveau bâtiment constitué de trois gros blocs de verre superposés, porte de Clichy, au nord-ouest de la capitale, quartier des Batignolles.
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Dehors, ce géant de verre a encore les pieds dans une zone de chantier peu hospitalière. Mais une fois passés les tourniquets et portiques de sécurité, on accède à l’immense hall des pas perdus. Tout y est blanc immaculé et les boiseries claires et la lumière du jour à travers les vitres offrent au lieu une sérénité. L’un des escalators emmène au deuxième étage devant l’une des 90 salles d’audience.
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— Mathilde Lemaire (@MathildeL75) 16 avril 2018
Le programme de la matinée est inscrit sur un écran. Me Beaujard, spécialisée dans les saisies immobilières, est la première à avoir plaidé dans ce nouveau palais à l’occasion d’un référé civil. "Je crois que nous étions tous relativement émus, témoigne l'avocate. Nous nous sommes un peu cherchés, nous avons un peu attendu… Après quarante ans de barreau, c’est une page qui se tourne. J’étais émue de quitter l’ancien palais, mais celui-là est effectivement magnifique."
L’engouement n’est pas collectif
Certains avocats et juges sont assez défiants, notamment parce que les colonnades, frises gothiques et escaliers majestueux du palais de l’île de la Cité offrait une bien plus grande solennité. Pourtant, même les plus nostalgiques se laissent prendre aujourd’hui par cette ambiance de rentrée des classes. Mobilier, matériel : tout est neuf.
Le procureur de la République de Paris, François Molins, flâne, tout sourire, dans les couloirs. "Je voulais être là ce matin, même s’il n’y a que des audiences civiles, avec le président, pour s’assurer que tout fonctionne bien, confie-t-il. J’espère que les choses se passeront harmonieusement. On a toujours un petit pincement au cœur à quitter un lieu d’histoire. Mais je pense que l’histoire, cela s’écrit ! J’espère que les symboles qu’a voulu mettre l’architecte dans ce bâtiment, la lumière, la transparence, vont nous aider à mieux travailler et à améliorer la réponse faite aux justiciables."
Francois Molins présent pour un référé civil, çà n'est pas tous les jours ;) #NouveauPalaisdeJustice #premièreaudience pic.twitter.com/vpsrvGPgXX
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Magistrats et fonctionnaires ont troqué des bureaux exigus dans des soupentes très sombres pour de vastes espaces. Pas de regret donc, pour Henriette, greffière d’une cinquantaine d’années qui découvre les lieux. "Il est très bien, s’enthousiasme-t-elle. Il va être pratique : nous avons maintenant des bureaux confortables. J’ai un peu le vertige et je suis au 36e, mais je ferai avec !"
Le point noir de la ligne 13
Henriette n’oublie pas tout de même qu’habitant l’Essonne, elle a 45 minutes de transports supplémentaires. Le nouveau palais est excentré tout au nord de Paris. Pas de parking et un accès très compliqué en métro avec une ligne 13 saturée et la ligne 14 qui n’arrivera que dans 18 mois. Nora, qui venue ce matin déposer une demande d’aide juridictionnelle pour son divorce, grogne aussi à ce sujet. "On nous dit depuis 5h30 que la ligne 13 était en incident technique, peste cette justiciable venue depuis la porte d’Orléans. La station Saint-Michel est fermée et cela n’est pas indiqué : nous avons dû faire le tour de Paris pour venir ici. Il ne faut d’ailleurs pas espérer une place assise dans la ligne 13. Si elle n’est pas en panne, en grève, elle est surbookée…" Si les premières audiences ont débuté, le transfert des tonnes de dossiers, de centaines de bureaux et des milliers de scellés va durer jusqu’à l’été. 1 500 camions de déménagement ont entamé leur balai entre la Cité et les Batignolles.
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