Quarante ans et toujours du succès : papy CD fait de la résistance
Si le streaming et le vinyle lui volent la vedette depuis plusieurs années, le CD reste toutefois le support musical préféré des Français, avec un rebond des ventes en 2021.
Quarante ans et pas une rayure. Développé par Sony et Philips, la production des premiers disques compacts débute officiellement le 17 août 1982 dans une usine à Langenhagen, près de Hanovre, en Allemagne. Il arrive sur le marché en France à partir de mars 1983, avec une popularité grandissante durant les années 1990, avant d'être boudé lors de la crise du disque des années 2000 et l’arrivée du streaming musical. Sa place dans les rayons baisse alors, au profit du vinyle, revenu à la mode. Et pourtant : en 2021, le CD a connu une hausse de ventes de près de 10%.
Il fait de la résistance, grâce à certains irréductibles comme le disquaire indépendant Silence de la rue, situé dans le 11e arrondissement de Paris. "Il y a encore une clientèle et une demande spontanée pour les CD. J'ai à peu près 6 500 titres de CD différents, c'est moins que l'offre vinyle, ça représente 30% de mes ventes et de mon stock", détaille le patron, Christophe Ouali, qui a toujours eu ce format musical en rayon. Et, pour lui, le CD a encore bien des avantages.
"Aujourd'hui, le CD, c'est quelque chose d'économique, ça ne coûte pas cher à fabriquer, ça ne coûte pas cher à transporter. Et puis, il y a une qualité de son qui est incomparable."
Christophe Oualidisquaire à Paris
Preuve en est par les chiffres : en 2021, le CD reste la deuxième source de revenus du marché, derrière le streaming par abonnement, selon le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP). Chez Gibert Musique, le fameux magasin de disques d'occasion situé dans le quartier Saint-Michel à Paris, il se vend même plus que les vinyles.
"15 000 CD chez moi"
"Ça représente les trois quarts des ventes physiques. Clairement, les acheteurs ne sont pas les jeunes, qui sont sur le streaming et pas sur des formats physiques, mais plutôt une clientèle un peu plus âgée, les irréductibles", assure Mathieu Potier, responsable du rayon pop-rock de la boutique, où Éric, 64 ans, a déniché un disque de Joni Mitchell. "J'ai environ 15 000 CD, soit une pièce complète, dont tous les murs sont couverts avec deux couches sur chaque mur", sourit-il. Avant de confier qu'aujourd'hui, il est plus compliqué qu'avant d'écouter un CD : "Maintenant, dans les voitures, il n'y a plus de lecteur... Ça, c'est embêtant. Ça me gêne beaucoup parce que j'écoutais beaucoup en voiture. Le matin, j'écoute de la musique au petit-déjeuner tous les jours. Je mets un CD, mais jamais un vinyle", glisse-t-il.
Un peu plus loin, Luc, la soixantaine, vient, lui, pour les occasions. Son rapport avec l'objet est particulier : "J'ai des BD et c'est pareil. C'est quelque chose de physique. Le travail qui est derrière mérite qu'on s'y attache", plaide-t-il. Et nul doute que certaines initiatives lancées par des artistes séduisent ce passionné : le rappeur Orelsan a ainsi dévoilé l'opération "Tickets d'or" lors de la sortie de son album Civilisation. Cinq coffrets contiennent des billets permettant aux gagnants d’aller à ses concerts gratuitement à vie. De quoi lancer une chasse au trésor chez les fans et booster les ventes.
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