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La langue française est-elle égalitaire ? 3 questions à Eliane Viennot, chercheuse en littérature française

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Brut : Eliane Viennot
Brut : Eliane Viennot Brut : Eliane Viennot
Article rédigé par Brut.
France Télévisions

Farouche défenseuse de l’écriture inclusive, l’enseignante et chercheuse en littérature Eliane Viennot a répondu aux questions de Brut. 

Le 15 novembre dernier, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, prenait la parole à l’Assemblée nationale : "La France a comme emblème une femme, Marianne, l’un de ses plus beaux mots est féminin, la République et notre langue a porté bien des combats féministes hier, aujourd’hui et encore demain. "

Pour Éliane Viennot, il est impensable qu’un ministre de l’Éducation nationale puisse avoir de tels propos : "Puisque le mot république est féminin et puisque Marianne est un symbole féminin, donc ça devrait suffire pour les femmes d’aujourd’hui de se contenter de symboles ? "

Poétesse, médecine, autrice, pourquoi ces mots ont disparu ?

Pour Éliane Viennot, une citation d’Andry de Boisregard datant de 1689 résume la situation : "Il faut dire : cette femme est poète, est philosophe, est médecin, est auteur, est peintre ; et non : poétesse, philosophesse, médecine, autrice, peintresse. "

Elle ajoute : " Pour les mots féminins, il y a un traitement particulier qui est que ces gens-là à partir du XVIIème siècle ont eu envie de faire disparaître un certain nombre de mots féminins. Notamment tous les mots qui désignent des positions de pouvoir dans les carrières des lettres, parce que les gens qui font ça sont des hommes et qui ne veulent pas que les femmes viennent marcher sur leurs plates-bandes. "

Le masculin l’emporte-t-il sur le féminin ? 

Auteure du manifeste, "Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin !" c’est contre cette règle de grammaire qu'elle se bat : "Le problème principal c’est qu’on apprend à travers cette règle que le masculin vaut plus que le féminin. Le fait que tout le monde comprend cela, ça veut dire : "Les hommes valent plus que les femmes. " D’ailleurs, quand ils expliquent, les réformateurs du XVIIème siècle, ils font tout de suite une comparaison avec les êtres humains et ils expliquent que le masculin, en grammaire, doit être plus fort que le féminin parce que l’homme est plus fort que la femme, parce qu’il y a supériorité naturelle de l’homme sur la femme." 

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