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Etats généraux du livre : "Nous sommes une sorte de Goliath de l'édition, aux pieds nus dans le caniveau"

Marie Sellier, auteure, présidente de la Société des Gens de Lettres, estime sur franceinfo que les auteurs, méprisés par la classe politiques, sont devenus une "sorte de Goliath de l'édition, les pieds nus dans le caniveau".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une librairie , le 10 janvier 2018. (JOHN MACDOUGALL / AFP)

Alors que les Etats généraux du livre se déroulent mardi 22 janvier à Paris, en l'absence du président de la République et de la ministre de la Culture Françoise Nyssen, les auteurs dénoncent un mépris de la classe politique, et sont qualifiés, sur franceinfo, par Marie Sellier, auteure, présidente de la Société des Gens de Lettres, de "sorte de Goliath de l'édition, les pieds nus dans le caniveau".

franceinfo. Vous dénoncez une politique de la chaise vide. Qu'attendiez-vous du gouvernement, aujourd'hui ?

Marie Sellier. Nous attendions, a minima, qu'il nous consacre un après-midi alors qu'on les alertes depuis quatre ou cinq ans sur la dégradation de notre situation sociale et fiscale. Nous sommes inquiets depuis longtemps, et, là, nous sommes franchement en colère. Jusqu'à présent, nous avions un statut qui était fragile, mais un semblant de statut : un auteur, c'est un hybride, il n'est ni salarié, ni indépendant, ni intermittent. Là, il y a un certain nombre de bouleversements sociaux et fiscaux qui se préparent, qui cassent ce statut, sans que rien ne soit tenté pour nous préserver.

La hausse de la CGS vous touche-t-elle ?

Pour tous les actifs, cette CSG qui augmente a été compensée, mais, nous, nous ne payons pas de cotisation chômage, donc, pour tous les artistes auteurs, c'est effectivement une perte de presque 1% de revenus.

Vous ne touchez pas d'indemnité-chômage ?

Les auteurs n'ont pas le droit au chômage, ils n'ont aucune protection. On est toujours "assimilé à". En fait, nous sommes le premier maillon de la chaîne, dont dépendent l'éditeur, les correcteurs, les attachés de presse, les libraires, même les critiques, les bibliothécaires, mais nous sommes une sorte de Goliath de l'édition, aux pieds nus dans le caniveau. On est payé une fois par an, on a des revenus qui sont extrêmement fluctuants, donc ce n'est pas évident. Le prélèvement de l'impôt à la source dans ces conditions-là, je ne vois pas très bien comment ça va se passer : on a une activité qui est totalement déconnectée du temps passé, généralement on prend des vacances pour travailler. On travaille beaucoup, on assume la prise de risque que représente le fait d'écrire des livres, puisque tous les livres ne sont pas publiés, certains ne rencontrent pas le succès escompté. On veut bien, mais, on ne peut pas être exposés à tous les risques.

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