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Vidéo Catapultages, observations, appontages... Au cœur des opérations du "Charles-de-Gaulle" face au groupe Etat islamique

Après l'annonce de l'emprise territoriale du groupe Etat islamique, les opérations militaires françaises se poursuivent en Syrie et en Irak. Les missions ont évolué pour s'adapter à la défaite des terroristes.

Article rédigé par franceinfo - Franck Cognard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le porte-avions "Charles de Gaulle" en mission en Méditerranée orientale, au large des côtes syriennes, mi-mars 2019. (FRANCK COGNARD / RADIO FRANCE)

Les Forces démocratiques syriennes ont annoncé, samedi 23 mars, "la totale élimination du soi-disant califat" du groupe Etat islamique, après avoir repris le contrôle de Baghouz en Syrie. Dix jours après cette annonce, les opérations militaires françaises se poursuivent en Syrie et en Irak. Les activités du porte-avions Charles-de-Gaulle, par exemple, ont évolué pour s'adapter à la chute des terroristes.

Cinq à six vagues de catapultage quotidiennes

Le Charles-de-Gaulle et les navires qui composent son escorte sont arrivés en Méditerranée orientale, au large des côtes syriennes, à la mi-mars. Au total, cela représente 2 700 marins. Ajoutés aux forces françaises déjà présentes dans la zone, 4 000 militaires français de la Marine, l'armée de Terre et l'armée de l'Air sont sur place. Tous les jours, des catapultages et des appontages sont réalisés pour frapper le groupe Etat islamique, à la demande des forces démocratiques syriennes ou de l'armée irakienne, qui repèrent des groupes mobiles de jihadistes ou leurs positions. 

Sur le pont d'envol, avant chacune des cinq ou six vagues de catapultage quotidiennes, des marins arriment les munitions "à guidage laser ou GPS", explique le lieutenant de vaisseau Laurent, officier d'armement. Depuis la chute de Baghouz, les Rafale frappent moins mais ils frappent toujours. De nuit, les flammes des tuyères de cette appareil au catapultage sont d'ailleurs quasiment les seules lumières visibles, puisque le porte-avions évolue tous feux éteints. Leur mission s'est recentrée vers du renseignement :

Le renseignement est utile, par exemple pour identifier certains check-points, voir s'ils sont sous contrôle de Daech, ou détecter d'éventuelles caches

Christophe Charpentier, pilote de Rafale et patron des pilotes du porte-avions

à franceinfo

Si le pont d'envol est le royaume du bruit, la passerelle du navire est à l'opposé un modèle de calme, malgré l'activité. "Le silence que vous entendez est un gage de sérénité", assure Marc-Antoine de Saint-Germain, le commandant du bateau. "Si ça ne hurle et ne crie pas, c'est un excellent signe." En dessous du pont d'envol, la zone de maintenance de 25 avions et hélicos est desservie par des ascenseurs. "Depuis qu'on est en zone d'opération, on peut dire qu'on est passé en 3×8 donc on a une activité de maintenance dans les hangars en permanence", explique le capitaine de vaisseau Boris, qui dirige l'activité dans les deux hangars. "On est attentifs aux signes précurseurs de fatigue, d'énervement ou de risque."

Le capitaine de vaisseau Marc-Antoine de Saint-Germain, commandant du porte-avions "Charles de Gaulle", à la mi-mars au large des côtes syriennes. (FRANCK COGNARD / RADIO FRANCE)

Chaque vol au dessus du "théâtre", pour reprendre l'expression militaire consacrée, dure entre six et sept heures. Quotidiennement, pour que chacun de ces vols se déroule parfaitement, 2 000 personnes vivent et travaillent à bord, du boulanger au médecin, du technicien de pont d'envol à l'ingénieur nucléaire.

Une zone tendue aux implications multiples

Quand on regarde l'horizon depuis le Charles-de-Gaulle, on a le sentiment que le porte-avions et son escorte sont les seuls sur la zone. Il y a pourtant beaucoup de monde dans cette zone de la Méditerranée, au-dessus, sur et sous l'eau. Il y a par exemple des sous-marins turcs, grecs, russes, égyptiens, israéliens, britanniques, américains, français...

La région est très tendue, avec des implications géopolitiques, diplomatiques et économiques puisque chacun prospecte les fonds marins pour trouver du gaz et du pétrole. A bord du Charles-de-Gaulle, pour mieux appréhender ce contexte, au-delà des opérations militaires pures, un état-major complet est au travail au quotidien.

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