"Au-delà du possible" est leur devise : parfois enfouis sous terre, les dragons du 13e RDP ouvrent leurs yeux et leurs oreilles en territoire ennemi
Parmi les 4 400 femmes et hommes des commandos des Forces spéciales françaises, les équipiers du 13e régiment de dragons parachutistes ont pour mission l’infiltration et l’observation derrière les lignes ennemies.
Près de Bordeaux, dans la forêt qui entoure le régiment, des hommes sont à la recherche d'une cache creusée. On ne parlera pas de soldats, ni d'opérateurs des forces spéciales, mais d'équipiers de recherche. "Même le nez dessus, je ne voyais rien !", commente l’un d’eux, alors qu’on lui montre la cache où se trouvent deux de ses équipiers. Un mètre de profondeur, quatre de long, deux de large : creuser la cache a supposé d’évacuer plusieurs mètres cubes de terre sans que cela ne se voie aux alentours.
S'enterrer, se camoufler, se cacher, pour observer est le métier du 13e régiment de dragons parachutistes. Parfois pendant des jours, des semaines. L’adjudant-chef Julien a par exemple vécu treize jours dans une cache lors d’une mission : "Il faut apprendre à se contenter de vivre avec peu de choses, indique-t-il. En conditionnant le corps et l’esprit à cet effort, on y arrive. Du moins pour ceux qui en ont la volonté."
Voir sans être vu procure une poussée d’adrénaline sans pareille : "On a eu de bons moments, enfouis dans le sol, invisibles, avec des personnes qui passaient à proximité de nous, assure l’adjudant-chef Patrick, 36 ans de service. Rien que cette sensation-là… Moi ce que je voulais en m’engageant, c’était aller au-devant de l’aventure."
Ni gros muscles, ni grandes gueules
Sur le camp, on ne croise aucun gabarit type forces spéciales américaines : le côté muscles lourds et grandes gueules n'est pas vraiment ce que le "13e" recherche. Au contraire : "Pour moi, la qualité essentielle, outre le physique, est d’être intelligent, explique le capitaine Georges, 26 ans de service, autant de missions à l'étranger. Cela ne fait pas appel à un grand niveau d’étude, cela suppose par contre de savoir utiliser son cerveau. Il faut avoir un certain niveau physique, une certaine forme de résistance. Mais cela ne veut pas dire être surdéveloppé en muscles : aujourd’hui, nous avons de petits gabarits, notamment chez les jeunes gens, qui portent leur poids."
"La force de notre régiment est son autonomie, poursuit celui qui est désormais responsable de l’instruction. Aussi, pour être autonome, il faut avoir de quoi manger, des munitions, de l’eau, des capacités d’observation, savoir transmettre le renseignement. En somme, un dépassement de soi."
60 à 80 candidats sur 100 sont recalés
Le "13" recrute en ce moment. Il cherche des soldats qui seront des spécialistes de l'infiltration nautique ou des parachutistes à très grande hauteur par exemple. Sur 100 candidats au recrutement, 60 à 80 ne passent pas les sélections. La devise du régiment, c'est "Au-delà du possible". La formation dure plus d'un an : en extérieur quelles que soient les conditions météo, dans des salles de cours, ou d’équipement. Dans les salles de cours, les équipiers sont formés à la photographie avec du matériel de pointe, mais aussi à l’anglais, à l'arabe, au morse ou aux techniques plus modernes de transmission pour être capables de guider un avion, un drone, une frappe.
Premiers à arriver et derniers à partir
Les missions du "13" sont variées. "Vous pouvez très bien partir en uniforme et en équipe au fin fond du désert, explique le colonel Jezequel, le patron du 13e RDP, y faire le coup de feu, et la fois d’après vous retrouver dans un milieu civil en costume cravate et parler à des personnes qui ont une position importante : on leur demande un panel de savoir-faire et de savoir-être qui est très complet."
Les dragons sont aujourd'hui au Levant, où l'un d'eux a trouvé la mort à l'automne dernier, ou au Sahel. Et ailleurs encore, à renseigner le commandement des opérations spéciales et la direction du renseignement militaire. S’ils sont les premiers à être sur une zone de crise, ils sont aussi les derniers à repartir.
L'innovation, l'autre métier du 13e RDP
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