: Reportage En Isère, des adultes en reconversion apprennent le métier de berger : "Au moins, je me lèverai pour quelque chose qui me plaît"
Le métier de berger attire de nombreux adultes en quête de reconversion de professionnelle. À la Côte-Saint-André, en Isère, un centre de formation accueille une quinzaine d'apprentis bergers, âgés de 19 à 50 ans.
Dans quelques jours, les apprentis bergers vont monter dans les alpages mais pour l'instant, ils peaufinent leur apprentissage. Ils ont entre 19 et 50 ans et il y a quelques semaines, ils étaient encore mécanicien, écologue, volaillère ou comptable.
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Carine, justement, était comptable. Elle a attendu que ses enfants soient grands pour lâcher son métier : "Plutôt que d'aller au boulot en me disant que ce que je fais est inutile et que j'obeïs à des règles de plus en plus débiles, au moins là je me lèverai pour faire un métier qui me plaît et qui a du sens."
Comme elle, ils sont douze à avoir décider de se lancer dans l'apprentissage de ce métier particulier. Kristali, 44 ans, travaillait dans la vente de maroquinerie de luxe. C'est sa première journée au contact des brebis mais elle semble déjà à l'aise. Elle explique que dans son précédent métier, elle était dans une "fatigue permanente" à force d'être obligée de convaincre les potentiels acheteurs.
Gagner moins pour vivre mieux ?
Au programme de cette formation de six mois : apprentissage de la végétation de la montagne, de l'adaptation aux conditions météorologiques. Et évidemment, le soin des animaux. On apprend donc à piquer les bêtes. Seringue à la main, Olivier, ex-commercial dans l’automobile, est prêt à gagner deux fois moins d’argent : "Le métier de berger, c'est maximum 2 000 euros par mois."
"J'ai décidé de mettre mes curseurs de niveau de vie différemment et je n'en suis pas malheureux."
Olivier, ancien commercialà franceinfo
Noé, le benjamin de la promotion, âgé de 19 ans, ajoute quant à lui vouloir "se couper du monde internet d'aujourd'hui et être seul au fond de ma montagne, sans avoir de patron qui me dit quoi faire."
Des rêves de liberté qui attirent quatre fois plus de candidatures qu'il n'y a de places. Leur formateur, Yannick Croisier, doit parfois recadrer face à une vision idéalisée du métier : "Ce n'est pas un métier de contemplation, explique-t-il. Quand on fait la traite à trois heures du matin, en août, parfois il gèle. Il peut y avoir des dénivelés très fort. Nous sommes dans un milieu qui peut devenir vite hostile."
Avec aussi parfois un invité compliqué : le loup, que les apprentis apprennent à gérer durant leur formation.
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