"On se sent complètement sacrifiés par l'Etat" : déjà en difficulté, les producteurs de cognac enfoncés par la hausse des prix vers la Chine

Déjà mis en difficulté par le contexte économique et par une mauvaise récolte en cours, les producteurs de cognac vont devoir faire face à une forte hausse du prix de leurs bouteilles en Chine.
Article rédigé par Edouard Marguier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Vendanges mecaniques dans le vignoble du cognaçais. (ANNE LACAUD / MAXPPP)

La France et la Commission européenne veulent contester les surtaxes chinoises sur le cognac et l'armagnac, annonce mardi 8 octobre la ministre du commerce Sophie Primas. Pékin a décidé de prendre ces mesures en représailles à la taxation européenne des véhicules électriques chinois.
Pour les producteurs français, c'est une catastrophe car la Chine représente 25% des exportations.
Et la mesure s'appliquera dès vendredi.

Dans trois jours, les importateurs de ces alcools forts, produits à base de vin en Europe, devront payer en Chine une caution de 35% sur la valeur de l'étiquette. Un cognac d'entrée de gamme, vendu 50 euros la bouteille passera donc à 70 euros.

Il s'agit d'une caution et par d'une surtaxe, autrement dit elle sera rendue si une solution diplomatique est trouvée. Après plusieurs semaines de menaces, Pékin ne les met donc qu'à moitié à exécution mais la filière estime être otage d'un sujet qui ne la concerne pas, et de décisions qui pèsent lourd puisque 97% du cognac est consommé à l'étranger.

"Voilà comment on est remerciés alors qu'on contribue largement à l'excédence de la balance commerciale française à l'étranger. On est vraiment en colère"

Mathieu Augier, viticulteur

à franceinfo

"On se sent complètement sacrifiés par l'Etat. On n'a jamais rien demandé à personne, on fonctionne dans notre petit coin, sans aides publiques", ajoute Mathieu Augier, installé à Mainxe, en Charente, entre Jarnac et Segonzac. Il en veut aussi aux contradictions du gouvernement français. A Bruxelles, la France a voté pour la taxation des véhicules électriques chinois, même si elle dénonce aujourd'hui ces mesures.

Un contexte déjà compliqué

L'appellation cognac est de loin la plus importante de ce qu'on appelle les "brandys européens". Elle représente 15 000 emplois directs, 70 000 indirects, mais aujourd'hui, elle subit un contexte qui n'est pas favorable. Matthieu Augier le constate sur son importante exploitation, d'une cinquantaine d'hectares.

"Le Covid, la guerre en Ukraine, la crise du pouvoir d'achat ont déjà joué sur nos ventes. Elles sont en baisse de plus de 10 ou 15%. Si on ajoute encore cette taxe, ça va être compliqué", explique Mathieu Augier. Le viticulteur parle d'une année noire car, en plus, la production s'annonce en baisse cette année. "Beaucoup de pluie, de la maladie, un peu de grêle… Au final, en pleines vendanges, nous nous apercevons que le rendement est très faible par rapport à d'habitude. En baisse d'environ 20% mais ça peut monter beaucoup plus dans certains secteurs." C'est pourquoi le bureau national interprofessionnel du cognac appelle la France à entamer des démarches pour mettre fin à cette escalade avec la Chine, qui fragiliserait une filière déjà en difficulté.

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